Le Venezuela a appelé lundi soir l'Organisation des Etats américains (OEA) à annuler une réunion demain au sujet des crises économique et politique que traverse le pays et à l'issue de laquelle Caracas pourrait voir son adhésion à l'organisation suspendue. Dans une lettre au secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, l'ambassadeur du Venezuela, Bernardo Alvarez, a demandé à l'organisation de «renoncer» à une session extraordinaire à Washington de son conseil permanent, destinée à évoquer de possibles sanctions, dont la suspension du Venezuela au «nom des droits de l'homme». Cette demande de réunion est «irrecevable», au titre que le secrétaire général de l'OEA «n'est pas habilité» à convoquer une telle session, est-il écrit dans la lettre. Mais le SG de l'OEA a expliqué avoir réclamé cette session au nom de la charte démocratique de l'organisation aux 34 Etats membres, qui autorise l'organisation à aborder «la dégradation de l'ordre constitutionnel» qui «perturbe sérieusement» la démocratie dans l'un des Etats membres. Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l'opposition, avait demandé au secrétaire général de l'OEA d'invoquer cette charte, afin d'évaluer si elle était ou non violée par le gouvernement du président Nicolas Maduro. L'opposition accuse notamment les autorités de restreindre la liberté d'expression et d'avoir jeté en prison des dizaines d'opposants et de militants, ce que Caracas rejette catégoriquement. L'OEA devait par ailleurs recevoir hier les médiateurs internationaux qui tentent de promouvoir le dialogue au Venezuela. Cette rencontre, à la demande de Caracas, doit réunir trois anciens chefs d'Etat ou de gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, ex-chef du gouvernement espagnol et les ex-présidents de la République dominicaine et du Panama, Leonel Fernandez et Martin Torrijos. Tous les trois sont chargés de la médiation entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l'opposition de centre-droit, qui tente de le faire révoquer par un référendum. Le Venezuela est plongé dans une profonde crise économique liée à la chute des cours du pétrole, sa principale richesse, avec pour conséquence des pénuries de nourriture. Si pour l'opposition le président est coupable de cette situation, Nicolas Maduro, de son côté, accuse les élites financières de mener une «guerre économique» contre lui.