C'est à l'initiative de l'ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et des présidents de la République dominicaine, Leonel Fernandez, et du Panama, Martin Torrijos, que la rencontre de deux jours, organisée en République dominicaine, a pu réunir, pour la première fois, le gouvernement, représenté par la ministre des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez, et deux hauts dirigeants du parti au pouvoir, et 3 députés de l'opposition réunie au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD). Placée sous l'égide des nations sud-américaines (Unasur), le rendez-vous dominicain est perçu comme une réelle avancée pour le lancement des pourparlers revendiqués avec force par les Nations unies, le G7 et l'OEA (l'Organisation des Etats américains) et des pays latino-américains (Chili, Argentine, Uruguay) appelant à un « dialogue politique urgent ». Rien n'est encore définitivement acquis. Dans les deux camps, la défiance est toujours de mise. Dès l'annonce de la rencontre, le secrétaire administratif de l'alliance de l'opposition, Jesus Torrealba, a réfuté l'idée d'un face-à-face avec le gouvernement, en précisant qu'un message a été adressé par les anciens présidents d'Espagne, de la République dominicaine et du Panama. Mais, la démarche se veut surtout une réelle opportunité pour rapprocher les parties au conflit et dégager un cadre de dialogue constructif. Ces réunions ont permis d'établir qu'« il existe une volonté de dialogue des deux parties », déclare l'Unasur qui a proposé de nouvelles discussions « pour définir un agenda qui réponde aux demandes de chacune des deux parties et une méthode pour le dialogue national », amorcé auparavant à Caracas par Zapatero et les deux présidents sud-américains qui ont rencontré le président Nicolas Maduro et l'opposition majoritaire au Parlement. « Cette initiative du président Nicolas Maduro promeut la paix, le respect de l'Etat de droit et la défense de la souveraineté et de l'intégrité territoriale », a estimé sur son compte twitter la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez, peu après l'annonce des discussions séparées de l'Unasur. De son côté, le MUD a posé les conditions d'une participation à « une solution pacifique ». Le préalable d'un référendum révocatoire, rejeté avec force par le président Maduro dénonçant « la guerre économique » menée par les Etats-Unis, est le nœud gordien d'une crise aggravée par un taux d'inflation le plus élevé du monde (180,9% pour 2015 et 700% en 2016, selon le FMI), des pénuries de nourriture et de médicaments. En outre, l'opposition réclame des mesures d'apaisement, telles la libération d'opposants arrêtés pendant la crise, la fin de la « persécution politique » et « l'admission de l'aide internationale en médicaments et en vivres pour traiter en urgence la crise humanitaire ». Le chemin sera certes « long et difficile », comme l'ont reconnu les 3 médiateurs de l'Unasur soutenus par les Etats-Unis et les le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Mais, il n'y a pas d'autre alternative au « grand dialogue national » pour éviter le chaos généré par les périls de l'« état d'exception », décrété par Caracas, et le mouvement de désobéissance lancé par l'opposition.