Réactions n Le président du Venezuela Nicolas Maduro a ordonné, hier, la saisie des usines «paralysées par la bourgeoisie» et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de «saboter le pays», après avoir décrété, la veille, l'état d'exception. «Dans le cadre de ce décret en vigueur (...), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l'appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie (...) Quiconque veut arrêter (la production) pour saboter le pays devrait partir et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la PGV (Prison générale du Venezuela)», a déclaré M. Maduro devant des milliers de ses partisans dans le centre de Caracas. «Usine arrêtée, usine remise au peuple !» (...) Vous allez m'aider à récupérer toutes les usines paralysées par la bourgeoise», a-t-il poursuivi. Nicolas Maduro a, par ailleurs, annoncé avoir ordonné pour le 21 mai «des exercices militaires nationaux des forces armées, du peuple et de la milice pour nous préparer à n'importe quel scénario envisageable». En accusant l'opposition de vouloir perpétrer un «coup d'Etat», à l'image de ce qui, assure-t-il, s'est produit au Brésil, il a, à cet égard, assuré que son homologue colombien Alvaro Uribe avait «appelé à une intervention armée», au cours d'une rencontre à Miami avec des dirigeants de l'opposition vénézuélienne. Y était aussi présent Luis Almagro, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), dont il affirme qu'elle est au service des Etats-Unis qu'il soupçonne de vouloir «en finir avec les courants progressistes en Amérique latine». L'opposition a, de son côté, averti du risque d'«explosion» au Venezuela si elle ne parvenait pas à organiser un référendum pour révoquer le chef d l'Etat. «Si vous verrouillez la voie démocratique, nous ne savons pas ce qui peut se passer dans ce pays. Le Venezuela est une bombe qui peut exploser à tout moment», a lancé le chef de l'opposition, Henrique Capriles. Cette mesure a été prise pour «déstabiliser le pays et empêcher le référendum», a, pour sa part, dénoncé l'opposition. L'«urgence économique» autorise le gouvernement à disposer des biens du secteur privé pour garantir l'approvisionnement des produits de base, ce qui, selon ses détracteurs, ouvre la voie à de nouvelles expropriations. La crise politique s'est accentuée depuis que l'opposition a collecté, début mai, 1,8 million de signatures en faveur du référendum pour révoquer Nicolas Maduro, qu'elle souhaite organiser d'ici à fin 2016. La question du calendrier est cruciale : si le référendum survenait avant le 10 janvier 2017 et si le «oui» l'emportait, le Venezuela irait droit vers de nouvelles élections. Mais à partir du 10 janvier, tout référendum couronné de succès ne conduirait qu'à une chose : le remplacement de M. Maduro par son vice-président Aristobulo Isturiz, membre du même parti. Le Venezuela, dont les réserves de pétrole sont les plus importantes du monde, est touché de plein fouet par la chute des cours du brut, dont il tire 96% de ses devises.