C'est aujourd'hui que les Britanniques se prononcent sur le maintien ou la sortie de leur pays dans/de l'Union européenne. Le suspense est à son comble d'autant plus que les sondages placent à égalité les pro et les anti-Brexit. Le résultat sera subséquemment très serré et, sans doute, engendrera une rupture dans la société britannique. De fait, les plus eurosceptiques sont encore les Anglais qui [contrairement aux Gallois, aux Nord-Irlandais et surtout aux Ecossais, peu ou prou pour le maintien] voteront pour le Brexit. Notons toutefois que les grandes villes anglaises, en particulier la capitale Londres, sont anti-Brexit. Une ligne de partage presque nette se dégage cependant, rendant difficile la lecture de la tendance générale tant les forces semblent égales (50/50, selon les sondages de mardi) d'où les appréhensions d'un référendum qui pourrait accentuer les frustrations britanniques sans clarifier la donne européenne. En effet, la victoire de l'un ou l'autre camp sur un coup de dés risque d'aggraver la fracture, plus que ne le ferait un triomphe sans conteste des anti ou des pro. Les Britanniques, plutôt le Premier ministre, David Cameron, a ouvert - en proposant en 2013 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE - la boîte de Pandore avec les retombées imprévisibles qu'induiront les résultats du référendum sur le devenir du pays. En effet, une victoire à l'arraché du «in» ou du «out» réveillera les insatisfactions des uns et des autres et n'exaucera aucune partie. Au final, ce référendum n'était pas une bonne idée. De fait, le référendum a échappé aux Britanniques dès lors que des personnalités étrangères - chefs d'Etat, hommes politiques, hommes d'affaires, artistes de tous bords - se sont invités au débat dénaturant ce que veulent réellement les Britanniques. Les menaces de l'UE en cas de Brexit, les déclarations [parfois intempestives] des intervenants étrangers - les uns pour la sortie, les autres contre - ont exacerbé plus que nécessaire le climat référendaire déjà pesant en Grande-Bretagne. Ainsi, les Ecossais, prennent-ils date et menacent d'organiser un nouveau vote pour la sortie de l'Ecosse du Royaume-Uni en cas de victoire du Brexit. C'est dans ce climat délétère que les Britanniques auront à dire s'ils veulent rester ou quitter l'Union européenne. La Grande-Bretagne, cinquième économie mondiale, est une grande nation européenne. Cela ne fait pas de doute. Il n'en reste pas moins que depuis toujours, le royaume avait eu plus d'affinités avec son ancienne colonie nord-américaine [les Etats-Unis] qu'avec l'Union européenne en général, l'Europe en particulier. Avec l'Allemagne et la France, le Royaume-Uni constitue - aura dû constituer - la clé de voûte sur laquelle l'Europe unie se serait bâtie. Il n'en est rien, si l'on excipe du fait que Londres depuis son adhésion à l'UE en 1975, s'est opposée à ce que les institutions européennes aient trop de pouvoirs, négocia des dispenses et des dérogations protégeant la souveraineté britannique. Ce cavalier seul britannique apparaît dans maints domaines aussi stratégiques que la défense, la monnaie et la politique étrangère. Ainsi, la Grande-Bretagne n'est pas partie de la Zone euro, s'oppose à une défense européenne commune, diverge sur maints points avec l'UE en politique étrangère. Ainsi, lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003, la position du Royaume-Uni - qui prit part militairement, aux côtés de l'armée états-unienne, à l'agression du territoire irakien - a été aux antipodes des principaux membres de l'UE, singulièrement la France et l'Allemagne, qui condamnèrent le forfait. En fait, la situation de la Grande-Bretagne dans l'UE apparaît - du moins sous cet angle - rédhibitoire. On est dans l'Europe ou on ne l'est pas. De ce point de vue, les pro-Brexit sont plus logiques, plus cohérents vis-à-vis du positionnement politique et diplomatique de leur pays au sein de l'UE. Les Britanniques veulent les avantages - énormes en fait - qu'offre l'Union européenne, sans se plier aux devoirs que cela implique. Dans la crise des réfugiés la Grande-Bretagne a été l'un des rares pays à refuser d'en accueillir sur son territoire. La Grande-Bretagne semble mériter sa réputation de «perfide» Albion. Notons pour l'anecdote, que le référendum d'aujourd'hui est le deuxième organisé dans le royaume d'Elisabeth II. Le premier ayant eu lieu deux ans après son adhésion, en 1975. A l'époque c'était le travailliste Harold Wilson qui convoqua aux urnes les Britanniques. Ils ont été 67% à voter pour le maintien. Qu'en sera-t-il aujourd'hui?