Tension n La campagne pour le référendum de demain sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne a repris dimanche dernier, trois jours après le meurtre de la députée travailliste Jo Cox, alors que le «in», pour lequel elle militait, remonte dans les sondages. Les analystes préfèrent rester prudents quant à l'impact du meurtre de Jo Cox sur l'issue du référendum de jeudi. Le premier sondage effectué depuis le drame, conduit vendredi et samedi par l'institut Survation, place le maintien dans l'UE en tête à 45%, devant une sortie de l'UE à 42%, alors que leur précédente enquête concluait à l'exact résultat inverse. De Boris Johnson, le champion des pro-Brexit, à David Cameron, le principal avocat d'un maintien dans l'UE, les principaux acteurs ont tous donné des interviews à la presse dominicale et devaient appuyer leurs arguments en apparaissant dans différentes émissions politiques tout au long de la journée. «Il y a des risques économiques en cas de départ, il y en a aussi si on reste. Le peuple devrait voter pour la démocratie et pour l'espoir», a commenté le ministre de la Justice, Michael Gove, dans le Sunday Telegraph. Le ministre des Finances, George Osborne, et le leader du Parti travailliste Jeremy Corbyn, tous deux proeuropéens, devaient également développer leurs arguments dimanche à la télévision. Tout comme Nigel Farage, le chef du parti anti-immigration Ukip, sous les feux des critiques après la publication d'une nouvelle affiche de campagne mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan «Breaking Point» (Point de rupture). Le premier ministre David Cameron a, de son côté, averti dans la matinée, qu'un Brexit serait un «choix existentiel sans retour possible». «Une fois que vous avez sauté de l'avion, il n'y a plus moyen de remonter. Si on part, c'est pour toujours, il n'y a pas de retour possible», a martelé David Cameron dans une interview au Times, en évoquant un «choix existentiel». David Cameron a comparé Boris Johnson et Michael Gove, les chefs de file du camp du Brexit, à des parents irresponsables qui mettraient leur famille dans «une voiture dont les freins sont défectueux et le réservoir qui fuit». Boris Johnson a répondu dans une interview au Sun on Sunday que les Britanniques n'avaient «rien à craindre» d'un Brexit et qu'ils avaient une «occasion unique de reprendre le contrôle». Farid Houali et Agences L'affiche 'répugnante' de Farage l Sur le plateau d'ITV, le ministre des Finances, George Osborne, a appelé de ses vœux «un débat plus apaisé après la mort tragique de Jo Cox», tout en rappelant les «énormes risques» d'un Brexit qui serait une «terrible erreur». Il a dénoncé la dernière affiche de campagne de Nigel Farage, le chef du parti anti-immigration Ukip, mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan «Breaking Point» (Point de rupture), publiée juste avant le meurtre de Jo Cox. «C'est une affiche répugnante et ignoble, qui rappelle la propagande nazie des années 1930», a-t-il dit. L'affiche a été jugée nauséabonde jusqu'au sein même du camp du Brexit. Michael Gove, le ministre de la Justice et principal animateur de la campagne officielle «Vote Leave», a avoué sur la BBC avoir «frissonné» à sa vue. «Vous avez vu les affiches de Vote Leave ? Elles expriment des positions très fortes aussi», a répondu Nigel Farage, soulignant que «le flot de réfugiés a provoqué des bouleversements majeurs en Europe». La presse anglaise divisée l Plusieurs journaux ont fait connaître leur préférence. Le Sunday Times s'est prononcé pour un Brexit, alors que le Times s'est déclaré pro-UE. Le Sunday Telegraph est également pro-Brexit et estime que «l'UE appartient au passé». Le Mail on Sunday et The Observer préfèrent, eux, le statu quo. «Ce n'est pas l'heure de mettre en péril paix et prospérité», écrit le Mail on Sunday en dénonçant «les illusions dangereuses» vendues par le camp du Brexit. Les Polonais du Royaume-Uni veulent y rester l Quatre-vingts pour cent des quelque 800 000 Polonais installés en Grande-Bretagne y resteraient en cas de sortie de l'Union européenne et seulement 3% rentreraient en Pologne, selon un sondage publié cette semaine. L'enquête réalisée par l'institut de sondage polonais IBRiS du 15 au17 juin est le sondage le plus important mené auprès de l'immigration polonaise en Grande-Bretagne. Parmi les Polonais interrogés, 10% disent qu'ils iraient s'installer dans un autre pays de l'Union si un éventuel Brexit a pour conséquence qu'ils doivent quitter la Grande-Bretagne, selon ce sondage publié par l'agence de presse polonaise et Onet.pl, un site polonais. «Presque personne ne veut quitter la Grande-Bretagne», résume le responsable de l'institut IBRiS, Marcin Duma dans son commentaire des résultats du sondage. Et plus de la moitié des personnes interrogées ont dit avoir l'intention de demander la nationalité britannique. La majorité des Polonais de Grande-Bretagne, qui n'ont pas la nationalité britannique, n'a pas le droit de voter au référendum de demain. Après l'élargissement de l'UE en 2004 aux pays d'Europe centrale, les Polonais ont constitué la population la plus importante d'immigrants à se rendre en Grande-Bretagne à la recherche d'une vie meilleure. Contrairement à d'autres pays membres de l'ouest de l'UE, qui ont maintenu des restrictions à l'emploi, la Grande-Bretagne a largement ouvert son marché du travail aux nouveaux venus originaires des pays de l'est de l'Europe.