Les capitales européennes sont sceptiques. Certaines craignent un effet de contagion qui risque d'engendrer une désintégration progressive de l'Union européenne, fruit d'un demi-siècle d'efforts. La campagne a été rude. Hier, à quelques heures du rendez-vous , les pro et anti-UE ont déployé tous leurs efforts pour convaincre les Britanniques et notamment les 10% indécis qui pourraient faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Selon la moyenne des six derniers sondages calculée par le site WhatUKThinks, le maintien dans l'UE compte un petit point d'avance (51%) dans les intentions de vote. Un ultime débat sur Channel 4 devait opposer le député du Parti national écossais (SNP), Alex Salmond, pro-UE, et Nigel Farage, le chef de l'Ukip, le parti europhobe et anti-immigration. Le Premier ministre conservateur David Cameron a affirmé dans une interview publiée en première page du quotidien The Guardian, qu'en choisissant de rester dans l'UE, les électeurs enverraient « le message clair » que le Royaume-Uni n'est pas « replié sur lui-même ». Dans un autre entretien, au Financial Times, il s'est dit persuadé que le pays allait attirer davantage d'investissements au lendemain du scrutin si le pays choisit de rester dans le giron de l'UE. « C'est très serré, personne ne sait ce qui va se passer », a-t-il précisé . Face à lui, l'ex-maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a exhorté, dans une interview à la chaîne SkyNews, les Britanniques à « reprendre le contrôle » de leur argent et de leurs frontières en sortant de l'UE. Quant aux marchés financiers, bouleversés ces dernières semaines par la perspective d'un Brexit, les experts indiquent que les grandes institutions financières mondiales sont dans l'expectative. « On est tout simplement en train d'attendre jeudi, sans faire attention au reste », a dit Sam Stovall, de Standard & Poor's Global Intelligence. La Banque centrale européenne dit être « prête » à faire face à « tous les imprévus » qui suivront le référendum britannique. Près de 1.300 dirigeants d'entreprises employant 1,75 million de personnes ont publié une lettre dans le Times appelant les électeurs britanniques à opter pour le maintien dans le giron européen. « Un Royaume-Uni quittant l'UE signifierait de l'incertitude pour nos firmes, moins de commerce avec l'Europe et moins d'emplois (tandis que) l'appartenance à l'UE est favorable à l'activité et à l'emploi. Voilà pourquoi le 23 juin nous soutenons un Royaume-Uni restant dans l'UE », ont-ils écrit dans cette tribune publiée hier par le quotidien britannique. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit espérer que le « pragmatisme britannique » conduira à un rejet du Brexit lors du référendum du 23 juin, selon une interview qui devait paraître hier dans un quotidien allemand. « J'espère que les Britanniques se laisseront guider par leur pragmatisme car c'est une vertu britannique », a-t-il dit à la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Selon lui, « on peut être en définitive membre de l'UE sans pour autant sur chaque question revendiquer une union toujours plus étroite ». Jean-Claude Juncker avait estimé mi-juin que l'Union européenne ne sera pas « en danger de mort » si le Brexit l'emporte et que la coopération entre les Etats-membres pourrait « même aller plus loin ».