Le match de ce soir sera une préparation au rendez-vous du 27 mars. L'équipe nationale de football retrouve le stade du 5-Juillet. Toujours à l'occasion d'un match amical. Sa dernière sortie dans le plus grand stade du pays date d'un peu plus d'un an. Ce soir-là, il s'agissait, pour elle, de préparer la CAN 2004 de Tunisie et cela avait mal tourné pour elle puisqu'elle avait cédé devant la supériorité de l'équipe nationale malienne (2-0). Une soirée cauchemardesque pour les joueurs pris à partie par les railleries des supporters au point de demander à ne plus jouer dans ce stade. Quelques-uns de ces joueurs, comme Raho, Mezaïr et Yahia seront présents ce soir face au Burkina Faso et nul doute qu'ils vont se remémorer ces pénibles moments. Le mieux qu'ils auront à faire avec leurs camarades, c'est de se surpasser pour offrir un succès à cette exigeante galerie. Mais pas plus exigeante qu'ailleurs comme on voudrait nous le faire croire. Le public d'Alger aime son équipe nationale mais il n'admet pas qu'elle prenne un abonnement avec les défaites. Or, cette équipe nationale verse, ces dernières années, dans la médiocrité et les mauvais résultats plutôt que dans les exploits. Oh, bien sûr, il y a eu la CAN 2004 et le passage aux quarts de finale. Le réalisme exige de dire qu'il ne s'agissait là que d'une prouesse passagère pour un onze qui pourrait rejouer dix fois contre l'Egypte et contre le Cameroun pour perdre autant de fois. Comme quoi ce qui s'était passé en Tunisie ne doit pas nous faire croire que le football algérien est capable de miracles en ce moment. Le mal est beaucoup plus profond, l'oeuvre de refondation de la discipline extrêmement complexe pour espérer voir la sélection nationale revenir à son meilleur niveau, celui du début des années 80. Aujourd'hui, elle se retrouve en dernière position dans son groupe de qualification pour la Coupe du monde et de la CAN 2006. Il ne s'agit plus pour elle de viser le mondial mais de sauver, au minimum, sa place dans le lot des qualifiés à la prochaine Coupe d'Afrique des nations. Ce n'est pas impossible mais dans la situation actuelle, elle est beaucoup plus proche de l'élimination que de l'obtention du billet pour l'Egypte. Le match de ce soir entre dans l'opération de préparation au «sauvetage de ce qui peut être sauvé». Et ce sauvetage passera forcément par une victoire face au Rwanda le 27 mars prochain. Un match qui donne des frayeurs à Ali Fergani, l'entraîneur national et à son staff. Il n'y a qu'à voir la manière dont les intéressés présentent la chose lors des conférences de presse. C'est comme si une élimination de l'équipe nationale était une catastrophe alors que la catastrophe existe déjà avec un football déglingué, des clubs déstructurés et des joueurs mal formés. Une catastrophe lorsqu'on apprend que, dans l'Algérie de 2005, on n'est même pas capable d'offrir dans les plus de 2 millions de kilomètres carrés qu'elle compte comme superficie, un espace acceptable pour abriter les matches de son équipe nationale. L'Algérie que l'on prend comme une vache à traire n'a peut-être pas assez donné pour qu'on continue à la sucer dans des opérations de construction et de restauration, dont les effets sont éphémères. Les pelouses de terrains de football sont, à ce titre, un exemple plus que frappant. Il y a qu'il faut parler football avec le match de ce soir qui verra l'équipe nationale rencontrer une vieille connaissance qu'elle a, d'ailleurs, affrontée en août dernier(0-0). Il s'agit d'une équipe du Burkina Faso que les Verts battaient aisément il y a une vingtaine d'années, devant laquelle, aujourd'hui, ils se montreraient satisfaits s'ils venaient à obtenir le match nul. Pour ce faire, Fergani a battu le rappel d'une forte armada de joueurs locaux dont un, Ammour, blessé, a peu de chances d'être aligné. Mais avec ou sans lui, l'équipe est condamnée à gagner dans un match où les Burkinabés pourraient encore leur faire des misères.