Si Ouyahia est maintenu, deux postes de souveraineté changeront de main à cette occasion. Désormais pressé par le temps, forcé de mettre en branle son second plan d'aide à la relance économique, fort de pas moins de 50 milliards de dollars sur une durée de cinq années, Bouteflika s'apprêterait à remanier dans les tout prochains jours son équipe gouvernementale. Des sources proches du Palais d'El Mouradia, qui en font la confidence, révèlent ainsi que «si les choses ont autant tardé, ce n'était dû qu'à la crise du FLN, laquelle vient enfin de connaître un heureux dénouement». Les mêmes sources ajoutent que «l'actuelle composante gouvernementale est loin de refléter l'équipe que souhaite s'adjoindre le président à la suite de son éclatante réélection à la tête de l'Etat algérien». Plusieurs indices et preuves tendent à conforter une pareille affirmation. Pour s'en convaincre, comme le soutiennent encore nos sources, il n'est que de se souvenir que le conseil des ministres, que doit présider le président Bouteflika, ne se réunit plus que très rarement. Cela n'est encore rien, comparé au fait que le dernier conseil en date, tenu ce mercredi, a débouché sur le rejet par le chef de l'Etat du projet de loi relatif aux villes. En dépit de l'urgence de mettre en place une pareille loi, soulignée avec force par le président dans son intervention, il n'en a pas moins demandé au concepteur du texte souffrant de nombreuses faiblesses, de revoir sa copie. Ce n'est pas tout. Tout le monde se souvient que le président, précisément en prévision de ce remaniement, et bien avant que ne se tienne le 8e congrès du FLN, dit rassembleur, avait commencé d'auditionner ses ministres, il y a de cela quelques mois déjà. L'opération, qui avait déchaîné les spéculations en son temps, avait été reprise quelques semaines plus tard par le chef du gouvernement, confirmant par là-même qu'Ahmed Ouyahia gardera son poste. Ce technocrate a déjà eu à prouver de quoi il était capable, présentant un bilan présidentiel quasi sans faille, à peine quelques mois avant l'élection du 8 avril passé, contribuant ainsi à la réélection de Bouteflika, mais prouvant dans le même temps qu'il restait l'homme de la situation, et qu'il disposait de toutes les compétences nécessaires à la concrétisation du programme électoral du chef de l'Etat, pour lequel ont opté 84,99 % des suffrages exprimés, ce qui n'est pas peu dire. Sur le plan pratique, nous croyons savoir que le FLN, revenu en force depuis la réussite de son congrès, aurait émis le voeu de refléter au sein de l'Exécutif national sa majorité absolue décrochée de haute lutte au niveau de la chambre basse du Parlement. Il obtiendrait, ainsi, à la faveur de ce remaniement que l'on dit «imminent», plusieurs portefeuilles supplémentaires, en sus des quatorze qu'il détient présentement. Les mêmes sources nous annoncent que «deux ministères de souveraineté pourraient changer de main». La décision serait liée à quelques désaccords apparus entre les détenteurs de ces postes ministériels et certains hauts responsables, dont le travail et les réalisations ne sont guère à remettre en cause. Un de ces portefeuilles de souveraineté reviendrait, croit-on savoir, à un représentant du parti d'Ahmed Ouyahia, le RND. L'on croit également savoir, même si l'information concernant les annonces que s'apprête à faire Bouteflika circulent au compte-gouttes, qu'il sera procédé à la mise en place de plusieurs «super-ministères». L'un d'eux, destiné à Amar Ghoul, dont les réalisations forcent désormais l'admiration, regrouperait l'habitat, les travaux publics et l'équipement. Dans son cahier de charges futur, en effet, le président compte soumettre ses ministres à des «obligations de résultat». La mise en branle du plan d'aide à la relance économique, qui n'a que trop tardé, doit ainsi être lancée sur les chapeaux de roue dès l'annonce de la future composante gouvernementale. Si Amar Ghoul serait chargé, entre autres du lourd dossier de l'habitat, c'est qu'il a montré ses compétences concernant le respect des délais de livraison, alors que le président, dans sa volonté d'en finir définitivement avec la crise du logement, tout en encourageant la formule locative à travers la loi de finances 2005, compte réaliser pas moins d'un million de nouveaux logements durant les cinq années à venir. Il en irait de même pour certains secteurs névralgiques relatifs à la réalisation du programme de Bouteflika, notamment la relance économique, les multiples réformes en chantier, les privatisations en cours et, enfin, la libéralisation totale du secteur des hydrocarbures.