Déterminante à plus d'un titre, cette rencontre cristallisera les dernières recommandations du président Bouteflika. Des sources proches du Palais du gouvernement nous indiquent qu' «Ahmed Ouyahia s'apprête à tenir plusieurs séances de travail avec ses deux partenaires, social et économique, dans le courant de la semaine prochaine». L'objectif poursuivi à travers les audiences que le chef du gouvernement s'apprête à accorder aux responsables de l'Ugta et des principales organisations patronales, est de «apporter la touche finale à l'ensemble des dossiers que s'apprête à aborder la tripartite dont la tenue a été fixée pour la première quinzaine du mois de mars», comme nous l'indiquent encore nos sources. Il est à signaler que plusieurs dossiers sont inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre dont le plus important est celui de l'élaboration du pacte national économique et social entre les trois partenaires. Alors que la conclusion d'un tel pacte, aussi lourd qu'important, ne devait pas se faire avant plusieurs mois, il semble bien que la démarche aille désormais en s'accélérant. Si l'on en croit des sources concordantes, proches des parties contractantes, «ce serait le président Bouteflika en personne qui aurait donné de fermes instructions afin que le pacte social soit signé dans les délais les meilleurs». Un pareil accord qui signifie, entre autres, l'instauration d'une paix sociale sur une durée bien déterminée, probablement celle du second mandat présidentiel, permettrait au président Bouteflika de mettre en branle plus sereinement son plan quinquennal d'aide à la relance économique, fort d'une enveloppe financière de pas moins de cinquante milliards de dollars. Afin de donner un caractère hautement symbolique à cet accord, inédit et historique, sa signature, croit-on savoir, devrait avoir lieu le 1er mai prochain, fête des travailleurs. Cela dénote, au reste, toute l'attention que les pouvoirs publics donnent l'air de vouloir accorder au monde du travail dans le cadre plus global de leur démarche portant libéralisation de l'ensemble des secteurs d'activité du pays. Il semble que du côté de l'Ugta, bien peu de choses s'opposent encore à ce que s'instaure un pareil pacte. Pour ce qui est des 1200 entreprises publiques mises en vente sur les 1 303 que compte le pays, le maximum de garanties ont été données par le chef du gouvernement avant d'être confirmer par le président Bouteflika lui-même dans son dernier discours. Rien ne se fera donc sans les travailleurs, dont les emplois et les droits seront intégralement préservés, du moins durant les premiers temps qui suivront ces privatisations massives, lesquelles traînent toujours en longueur à cause de la méfiance des éventuels repreneurs, tant nationaux qu'étrangers. C'est plutôt du côté des organisations patronales que les «couacs» se font les plus nombreux. Ces dernières, en effet, tentent de faire infléchir le gouvernement sur plusieurs points, sans pour autant céder pour ce qui concerne les demandes de l'Ugta, à savoir la mise en place de syndicats au sein des entreprises privées. Il convient de signaler que le taux de représentativité syndicale au sein des entreprises privées en Algérie est d'à peine 1 %. Le patronat, qui se montre peu empressé à répondre à cette revendication, exige au contraire une amnistie fiscale mais aussi un régime préférentiel concernant la cession des entreprises publiques. Des sources proches d'Ahmed Ouyahia indiquent que celui-ci refuse de donner suite à cette seconde demande pour la simple raison que l'Etat algérien souhaite offrir le maximum de garanties aux éventuels repreneurs et investisseurs étrangers, lesquels ne devront donc en aucun cas se sentir «défavorisés» par rapport à leurs vis-à-vis nationaux. Il est prévu également que le gouvernement présente, à cette occasion, le bilan des entreprises privatisées au profit des travailleurs. Les travaux de cette tripartite porteront en outre sur l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 fixant le Snmg à 10.000 DA ainsi que sur le dossier de la stratégie industrielle des entreprises publiques. En outre, le dossier portant sur l'amélioration du système de sécurité sociale avec ses différents aspects qui concernent essentiellement les pensions de retraite, les droits des assurés et le rôle des mutuelles, sera également discuté lors de cette nouvelle édition de la tripartite.