Bouteflika, comme à ses habitudes, profiterait de l'été, pour prendre de grandes décisions. Selon des sources proches de la présidence de la République, Bouteflika ne s'est décidé à «débloquer les fonds liés au second plan d'aide à la relance économique qu'une fois assuré que l'argent n'ira pas vers d'autres destinations». Il n'est, en effet, un secret pour personne que la corruption continue de gangrener très sérieusement une partie non négligeable des édifices institutionnels et élus de la République. Ce n'est donc pas un hasard si le lancement de ce plan, second du nom, avec une enveloppe conséquente de pas moins de 50 milliards de dollars, a coïncidé avec une série de mesures et d'évènements. Il s'agit, entre autres, comme l'expliquent nos sources, «de l'entrée en vigueur de la loi de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ainsi que des codes civil, pénal, de procédures civile et pénale». Dans le même temps, le projet de loi relatif à la lutte contre la corruption a été mis en branle. Ce n'est pas tout. Des enquêtes sont déclenchées tous azimuts à propos de la gestion des collectivités locales par les élus. Plusieurs centaines d'entre eux font ainsi l'objet de mesures judiciaires conservatoires. Enfin, et telle une cerise sur le gâteau, d'autres enquêtes ont été initiées sur instruction express du premier magistrat du pays lui-même à propos de la dilapidation du foncier agricole. C'est à une véritable opération coup-de-poing, dans laquelle plusieurs barons risquent leur tête, que les responsables proches du président sont en train de se livrer, au moment où le procès à retentissement de l'ancien wali d'Oran n'en est que la face la plus apparente. Mais ce ne sont là que les aspects palpables et visibles d'un plan global autrement plus vaste que se proposerait de mettre en application le président Bouteflika. C'est, du moins, ce que nous indiquent nos sources. Celles-ci précisent en effet que «la reprise du dialogue, enfin constructif, avec les représentants des citoyens de Kabylie, s'inscrit dans ce vaste programme». Le fait même que la célébration du 20 avril se soit déroulée dans le calme et que cette région frondeuse ait accepté la présence d'un haut responsable de l'Etat, indique bien que la crise est laissée loin derrière en attendant que des élections partielles s'y déroulent. Comme le confirment de hauts responsables, membres de l'Alliance présidentielle, la dissolution des assemblées locales de cette région devrait se faire par décret d'ici au début du mois prochain. Des responsables chargés d'évacuer les affaires courantes seront mis en place en parallèle en attendant que des élections partielles se tiennent dans les deux mois suivant, c'est-à-dire d'ici au mois de juillet prochain. Comme à ses habitudes, donc, Bouteflika, qui a su insuffler un grand rythme de travail à ses collaborateurs, mais aussi aux agents de l'Etat à tous les niveaux, n'a pas l'intention de faire relâche durant cette saison estivale, comme c'était le cas habituellement en Algérie depuis pas mal d'années déjà. Nos sources ajoutent également que l'opération d'évaluation de la gestion des collectivités locales au niveau des services compétents de la présidence a touché à sa fin. Ainsi donc, et pour assurer le maximum de chances pour la réussite du plan d'aide à la relance, dans lequel des moyens colossaux doivent être consentis, Bouteflika aurait décidé d'aller vers un assez vaste mouvement dans le corps des walis. Pas moins d'une vingtaine d'entre eux seraient concernés par cette opération. Les dernières retouches du décret dont l'annonce est prévue pour le mois de mai prochain, comme nous le disent nos sources, auraient été mises en place au début de ce mois, à la faveur de la rencontre qu'a tenue Bouteflika lui-même avec les hauts cadres de la nation. Il en ira de même, estime-t-on, pour le remaniement ministériel. Celui-ci, que beaucoup de sources, et non des moindres, confirment chaque jour un peu plus, aurait lui aussi été retardé d'une semaine ou deux. La raison principale serait liée à la tournée du président Bouteflika dans différentes régions du globe. Cela a contraint, notamment, le chef du gouvernement à reporter, deux fois de suite, son passage devant l'APN. La séance, annoncée par Ouyahia au début du mois de mars prochain lors d'une conférence de presse, devait avoir lieu le 16 de ce mois. Elle a fini par être reportée pour le 27 avril, avant d'être définitivement programmée, non sans l'accord de la présidence de l'APN, pour le début du mois prochain. Ce n'est qu'après que le remaniement en question aura enfin lieu. Là encore, le président Bouteflika en personne a évalué les performances et les manquements de chacun des départements ministériels avant d'arrêter ses décisions. Celles-ci, aux dernières nouvelles, pourraient concerner sept portefeuilles, dont certains sont relatifs à la souveraineté nationale. Il faut s'attendre, partant de ce constat, que la rentrée sociale s'opère sur les chapeaux de roue et que les premiers fruits, tant sociaux qu'économiques, de la relance commencent à être cueillis d'ici à la fin de l'année en cours. La fin du calvaire des Algériens, y compris sur le plan sécuritaire grâce au référendum relatif à l'amnistie générale attendu, lui, au mois de septembre prochain, n'est finalement pas une simple vue de l'esprit même si pas mal de chemin reste encore à parcourir, tiennent à prévenir, pour finir, nos sources...