Les deux mis en cause se font passer pour des victimes. Accusés de détournement de deniers publics, le receveur d'Algérie Poste de Tajenant M.M. et son épouse ont été condamnés, dimanche, par le tribunal criminel de Constantine à dix et cinq ans de réclusion criminelle. Comme cité plus haut, les faits de cette affaire se sont déroulés, d'après l'acte d'accusation, à Tajenant le 12 février 2004. Les deux mis en cause se faisant passer pour des victimes, informent les services de sécurité, qui se sont déplacés sur les lieux, que trois individus portant des cagoules, les ont sommés sous la menace d'arme, de leur céder les clés du coffre-fort et ceux du bureau de la poste. Les trois individus, ont-ils déclaré aux éléments de la police, ont emporté la somme de 1 milliard trois cents millions de centimes. Les vraies fausses victimes témoignent par la suite que les trois agresseurs prendront la fuite après avoir battu le receveur, lui causant des blessures. Une enquête fut aussitôt déclenchée. Les investigations permettront aux éléments de la police judiciaire de détecter des indices en parfaite contradiction avec les déclarations faites par les époux. Ces derniers qui occupaient un domicile à l'intérieur de la poste seront vite confrontés. En effet, il s'avéra que la fenêtre de l'appartement a été brisée de l'intérieur. Les témoignages recueillis auprès des voisins font état qu'aucun bruit suspect n'a été entendu cette nuit-là. Tout permettait aux services de sécurité de croire qu'il s'agissait d'une mise en scène, brodée par le receveur et son épouse. Ils seront arrêtés et présentés au magistrat instructeur. Hier, à la barre, le receveur, accusé principal, relatera les mêmes faits devant le tribunal criminel, que ceux déjà faits tout au cours de l'enquête qu'à l'instruction. Il insistera à vouloir faire croire à l'assistance judiciaire, qu'il a fait l'objet de coups de couteau par l'un des trois agresseurs. Cependant, aucune trace de sang n'a été détectée sur les lieux ni sur le corps, ni sur les vêtements de l'accusé, saisis comme pièces à conviction. Son épouse interrogée à son tour, dit qu'après avoir ouvert la porte, deux individus, le visage masqué, pointèrent une arme blanche sur son cou, exigeant d'elle d'appeler son mari. Ce dernier, a-t-elle déclaré, sera agressé et menacé de mort s'il ne cède pas les clés du bureau de poste et du coffre-fort. Les témoins ont pratiquement tous déclaré n'avoir rien vu ni entendu. Le représentant du ministère public convaincu d'une mise en scène revient avec précision sur le déroulement des faits, ayant causé un dommage à l'administration de la poste et un préjudice énorme à l'économie du pays. Dans son réquisitoire, le procureur général réclame au tribunal criminel la réclusion à perpétuité pour les deux accusés. En l'absence de preuves matérielles, la défense composée de quatre avocats, demande l'acquittement pure et simple de leurs clients et insiste pour qu'une enquête plus approfondie soit déclenchée pour aboutir sur les vrais voleurs. Après délibération, le receveur sera condamné à une peine de réclusion de dix ans ; quant à sa femme, elle écopera de cinq années de prison ferme sachant que les deux accusés ont bénéficié de circonstances atténuantes.