Exception faite de certaines régions données villes mortes, l'activité et l'ambiance étaient au rendez-vous à Béjaïa contrairement aux années précédentes. La fête de l'Aïd a été vécue différemment d'une région à l'autre à Béjaïa. Période de joie et de fête, l'Aïd a été pour certains une période de tracasseries aussi bien pour s'approvisionner que pour se déplacer. Les jours de fêtes religieuses se suivent et se ressemblent dans les quatre coins de la wilaya de Béjaïa. Hormis les mosquées qui ont officié dès sept heures du matin, le reste de l'activité est resté au point mort jusqu'aux environs de 10 heures. La ville, jusque-là morte, vit une autre ambiance. Les commerçants, ceux retenus pour la permanence, ont ouvert leurs boutiques, les transporteurs sont réapparus. Voilà le décor offert par la capitale des Hammadites. Béjaïa s'est réveillée doucement en ce premier jour de l'Aïd pour connaître une intense activité au deuxième jour. Dans certaines régions comme à Darguina, les usagers ont été ainsi livrés à leur sort. Les consommateurs qui espéraient profiter d'un service minimum qui leur épargnerait des soucis supplémentaires en période de fête sont, une nouvelle fois, déçus. Les engagements des pouvoirs publics et ceux de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) ne sont que de la poudre aux yeux. Pourtant, des «instructions ont été données pour garantir le service minimum et ne pas priver les familles algériennes de pain», a-t-on annoncé à la radio la veille de l'Aïd. A Darguina, sur les 15 boulangeries retenues, seule une a répondu à l'appel le premier jour de l'Aïd. Une longue file d'attente s'est alors formée. Il le faut bien; le pain est un aliment de base sans lequel l'Algérien ne peut se restaurer. Un communiqué de la direction du commerce faisait même état de la réquisition de 1000 commerces et des centaines de bus pour les déplacements. Mais dans certaines régions, rien de tout cela. Les plus malins ont compris le système. Ils ont pris leurs précautions, qui pour louer une voiture, qui pour s'approvisionner correctement. Normal! Ils ont tellement été habitués à ce «black-out» qu'ils ne croient plus les promesses des uns et des autres. «Certains commerces ne doivent pas s'arrêter», s'indignent des consommateurs qui estiment que «l'Algérie est le seul pays où l'activité meurt durant les jours de fêtes». Au niveau du chef-lieu, et c'est une surprise, le dispositif de permanence annoncé à grande pompe a été respecté. Des boulangeries, des commerces d'alimentation générale, des pharmacies, des cafés, des marchés de fruits et légumes, des kiosques à tabac et des dépositaires de produits laitiers, ont assuré la permanence. Ils ont été contraints, par la force de la loi, d'ouvrir leurs magasins durant les deux jours de fête faute de quoi, des sanctions prévues par la loi peuvent aller jusqu'à une décision de fermeture et des amendes pouvant atteindre 100.000 DA. Et pour faire respecter ses décisions, la DCP a mobilisé des brigades pour aller sur le terrain et vérifier que les commerçants en question ont réellement respecté les instructions données. On ne connaît pas encore le bilan des sanctions prises contre les réfractaires. A la gare routière, c'est la dèche. Aller vers la vallée de la Soummam ou encore vers la côte n'est pas une simple affaire, à moins de louer les services d'un fraudeur avec tout ce que cela engendre comme dépense. Au deuxième jour, la situation s'est peu améliorée.