«Il s'agit de transformer les obstacles en points de départ.» Martin Luther King En cinquante-quatre ans, l'Algérie a connu de grandes et importantes réalisations, particulièrement ces dernières années, même si le pays est loin d'avoir exploité tout son immense et riche potentiel. En ces temps de grandes incertitudes économiques, et de morosité mondiale, l'Algérie peine à prendre le chemin du développement qui lui garantira une croissance durable. Etre le plus grand pays du continent en termes de superficie, un pays à la fois vaste et diversifié doté d'un climat, d'un sol fertile et surtout d'une eau abondante et en même temps se mettre en position de grand importateur de nourriture est inadmissible; et pourtant tous les facteurs sont réunis pour une autosuffisance alimentaire, mais la rente pétrolière en a décidé autrement Consciemment ou inconsciemment, on a fait de notre géographie une histoire qui s'ignore. Aujourd'hui il s'agit pour nous de comprendre cette crise mondiale, en effet la crise agricole de ce début de troisième millénaire est à la racine de la crise économique et financière que connaît le monde et ce n'est pas fini! Comment doubler la production agricole des prochaines décennies afin de nourrir 9 milliards d'humains, car dans les trente années qui viennent il faudra produire 70% de plus mais avec moins de ressources. Ce défi du siècle est à notre portée, car il est possible de faire de notre agriculture la première activité économique du pays. C'est aussi un défi colossal à relever dans une période où les multinationales, mues par la seule recherche du profit financier envisagent de s'approprier des terres dans des pays comme l'Inde, le Gabon, Madagascar et le Sénégal pour y produire de la nourriture. il faut se mettre à l'évidence que les autres pénuries ne sont rien à côté de la pénurie de nourriture, dès que les gens ont faim, ils provoquent des révolutions et des guerres. D'où les caractères stratégique, vital et ô combien prioritaire de l'agriculture, qui viennent du fait qu'elle produit des denrées alimentaires, deuxième condition indispensable à la survie humaine après l'eau. Ce n'est pas parce que nous avons aujourd'hui suffisamment à manger, que nous sommes certains d'en avoir encore, nous qui importons l'essentiel de notre nourriture. Où est passée notre souveraineté alimentaire? Où est notre sécurité alimentaire? Il est temps de prendre cette question cruciale à bras-le-corps! L'Algérie dispose de tous les fondamentaux agricoles, il suffit de redéfinir la politique agricole nationale afin de redonner à l'agriculture le rôle économique et social qui doit être le sien. Notre pays peut, et doit produire autrement durablement des denrées alimentaires de haute qualité sanitaire, en quantité suffisante avec des performances économiques exceptionnelles, qui feront de l'Algérie un acteur agricole de premier plan et qui va titiller les marchés mondiaux. L'agriculture doit être le plus important levier de croissance et le plus grand gisement de richesses. L'agriculture doit être au centre de la politique économique, car aucun autre secteur n'est aussi imbriqué au reste de l'économie. Elle pourra être l'une des principales sources de revenus du pays et aussi le principal employeur tous secteurs économiques confondus. L'agriculture n'est pas un îlot dans l'économie, son objectif est de soutenir le développement national. L'agriculture moderne c'est aussi une industrie. Par une productivité en permanente croissance il sera possible d'envisager une industrie alimentaire de haute compétitivité; une grande partie des intrants de l'agro-industrie provient de l'agriculture, et réciproquement les agro-industries peuvent elles-mêmes avoir un effet positif sur la productivité de l'agriculture primaire. Présentement en Algérie la synergie agriculture-industrie connaît des ratés non par manque de volonté chez les uns et les autres, mais surtout par la faute d'un environnement institutionnel inadapté, nos gouvernants n'ont pas compris qu'une vraie stratégie agricole est un ensemble intégré de politiques sectorielles complété par un programme d'investissement massif. C'est pour cela que l'activité agricole a besoin d'une nouvelle législation plus souple, plus intelligente, caractérisée par une batterie de décrets administratifs qui vont dans le sens d'une libéralisation réfléchie du secteur. La demande mondiale en matières premières agricoles qui sont des produits boursiers, va doubler d'ici 2050, c'est pour cela que l'Algérie a tout intérêt à mettre en oeuvre la nouvelle stratégie agricole dans laquelle les rôles du capital privé national et du gouvernement doivent se compléter dans l'intérêt de la nation.. L'Algérie qui fut jadis le grenier de l'Europe a les capacités naturelles et humaines de devenir un grand pays exportateur de produits agricoles, et aussi un incontournable atelier pour l'agro-industrie qui peut devenir la force de frappe des exportations algériennes. L'Algérie qui aspire à un avenir meilleur, se doit d'exploiter toutes les opportunités que lui procure son généreux territoire, certains pays ont fait de leur petit bout de désert de la taille d'une wilaya une immense holding mondiale, pourquoi pas nous avec un pays aussi immense avec de très grands atouts? Pour nous, finalement, la crise pétrolière mondiale ne pouvait pas mieux tomber, pour peu qu'on élimine de nos pratiques quotidiennes ce mélange de laxisme et de manque de confiance enrobés par une bureaucratie chronique. Le challenge agricole en particulier et celui de l'agro-industrie en général sont à notre portée faisons en sorte de ne pas gaspiller cette énième chance afin de transformer la vision en réalité et de faire de l'Algérie le nouvel eldorado agricole et surtout ne jamais perdre de vue que le temps est un redoutable adversaire...