"Plus de la moitié de la nourriture produite dans le monde est perdue, gaspillée, ou jetée", selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), qui propose plusieurs pistes pour répondre à la demande alimentaire mondiale. De son côté, l'organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO),a indiqué que 923 millions de personnes souffrent, aujourd'hui, de la faim dans le monde, soit 40 millions de personnes supplémentaires en 2008. Près de 90% d'entre elles vivent en Afrique et en Asie. La hausse continue du prix des denrées et l'exploitation de terres agricoles pour produire des agrocarburants a entraîné, ces derniers mois, une grave crise alimentaire dans les pays les plus pauvres. Des "émeutes de la faim" ont même éclaté en 2007 en Afrique (Côte-d'Ivoire, Cameroun), en Asie (Indonésie, Philippines) et en Haïti. Seuls 43% des céréales produites dans le monde sont disponibles pour la consommation humaine, peut-on lire dans le rapport du PNUE. Le reste de la production est utilisé pour la nourriture animale ou mis de côté après la récolte car ne correspondant pas aux normes du marché. Autre chiffre qui donne le vertige : 30 millions de tonnes de poissons sont rejetées à la mer chaque année. De quoi assurer les besoins supplémentaires de pêche d'ici 2050 pour maintenir au niveau actuel la consommation de poisson par habitant. Le document fait état également d'un gaspillage alimentaire dans des pays développés. Entre 30 et 40% des aliments achetés aux Etats-Unis et en Angleterre ne sont pas consommés. Un gaspillage massif qui a des conséquences économiques et surtout environnementales. Transport des marchandises, pourriture des aliments dans les décharges : cet immense gâchis contribue à renforcer les émissions de CO2 et surtout de méthane, un gaz à effet de serre encore plus polluant. La production alimentaire est aussi menacée par la dégradation de l'environnement. En Afrique subsaharienne, près de 950 000 km2 de terres arables sont aujourd'hui presque inexploitables à cause de l'érosion des sols. Ce phénomène est la conséquence du réchauffement climatique, de la déforestation et de pratiques agricoles qui épuisent les sols et détruisent les écosystèmes. D'autres menaces pèsent sur la production alimentaire, comme l'extension des zones urbaines, la rareté de l'eau ou la conversion des terres arables pour produire des biocarburants ou du coton. La sécheresse touchant actuellement la Chine du Nord, est la pire qui ait sévi depuis 50 ans. Le pays constitue des stocks de nourriture, le gouvernement sait bien qu'il doit nourrir 20% de la population mondiale avec seulement 10% de terre arable. Notons également que la Chine produit chaque année 18% de la production mondiale de céréales. En Australie, les conditions n'ont jamais été aussi graves depuis 117 ans, les pluies étant en dessous des normes depuis 2002, 41% des cultures australiennes sont touchées par la sécheresse. En Amérique, la pénurie d'eau a diminué l'humidité du sol au point que le continent a perdu les nutriments nécessaires pour les cultures. En Afrique du Sud, l'Argentine est dans un état critique, il n'y a pas eu de pluie depuis le mois de novembre. Les récoltes de blé du Brésil sont en baisse de 15.5% et l'Uruguay a déclaré l'état d'urgence agricole en raison de la pire sécheresse depuis des décennies : elle menace les récoltes, le bétail et l'approvisionnement en produits frais. Au rythme actuel de dégradation de l'environnement, les espaces de culture consacrés à l'alimentation pourraient être réduits de 8 à 20% d'ici à 2050, selon le rapport du PNUE. En 2050, le monde sera peuplé de 9,2 milliards d'individus (contre 6,7 milliards aujourd'hui). Dans son rapport, le PNUE propose plusieurs pistes de réforme pour répondre à la croissance programmée de la demande alimentaire mondiale. Parmi les principales mesures envisagées figure le recyclage des millions de tonnes d'aliments perdus ou gaspillés pour nourrir les animaux. Cela permettrait de consacrer une part plus importante de la production céréalière à la consommation humaine. "Le recyclage des déchets alimentaires et la mise en place de nouvelles technologies, comme produire du sucre à partir de déchets de paille ou de restes de noix, seraient une initiative favorable à l'environnement qui permettrait d'augmenter les quantités de céréales disponibles pour le bétail", conclut le rapport du PNUE. Dalila B.