«L'accent a été particulièrement mis sur la sécurité régionale» Nacer Bourita, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, qui était porteur d'une missive destinée au président Bouteflika a été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. La visite de l'envoyé spécial du souverain marocain est intervenue au lendemain de l'attentat qui a ciblé la ville de Nice. A-t-elle un rapport avec l'attaque terroriste qui a endeuillé cette ville française? Le Maroc et l'Algérie sont-ils dans le collimateur de Daesh qui a revendiqué cette opération kamikaze? Les services marocains détiendraient-ils des informations qui iraient dans le sens de cette série de questionnements? Le déplacement de la délégation marocaine ainsi que la présence en son sein du patron du contre-espionnage du royaume, le directeur général des Etudes et de la Documentation, Yacine El Mansouri, le laissent en tout cas supposer. Son caractère serait donc purement sécuritaire. L'entretien qui a eu lieu entre Nacer Bourita, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères qui était porteur d'une missive destinée au président Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal conforte cette thèse. «L'accent a été particulièrement mis sur la sécurité régionale, notamment la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, les questions liées à la migration et la problématique du développement», souligne un communiqué des services du patron de l'Exécutif qui a ajouté que les discussions ont également porté sur «les relations bilatérales, tout comme elle a permis un échange de vues sur les défis auxquels sont confrontés l'Afrique et le Monde arabe», a précisé le même canal d'information. Y ont pris part, côté algérien, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, et le Conseiller auprès du président de la République, chargé de la coordination des services de sécurité, Athmane Tartag, et, côté marocain, le directeur général des Etudes et de la Documentation, Yacine El Mansouri, et l'ambassadeur du Maroc en Algérie, Abdallah Belkeziz. Cette visite inattendue qui a pris de court les observateurs les plus avertis de la scène politique maghrébine augure-t-elle d'une nouvelle ère des relations algéro-marocaines? Les paris sont ouverts. Mais de là à croire à leur normalisation il n'y a qu'un pas à franchir. L'ouverture de la frontière terrestre entre les deux pays fermée depuis 1994 ne sera pas faite du jour au lendemain comme par enchantement. Comme il est difficile d'effacer d'un coup de baguette magique les attaques verbales, les accusations mensongères, les campagnes mensongères orchestrées par le pouvoir marocain contre l'Algérie ou encore la profanation de l'emblème national de notre consulat à Casablanca par un membre des Jeunesses royalistes, le jour où l'Algérie célébrait le 59e anniversaire du déclenchement de sa Révolution. Pas un mot d'excuse ne nous est parvenu pour pardonner cette offense faite à nos martyrs qui a blessé le peuple algérien. Les relations entre les deux pays n'ont pas connu de réchauffement depuis. Le patron de la diplomatie algérienne en avait fait le constat à l'époque. «Les relations algéro-marocaines ne sont pas normales à cause des accès de fièvre dans les médias et, malheureusement, parfois, dans des déclarations officielles», avait déploré le 8 octobre 2013 le chef de la diplomatie algérienne sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III. «Il est possible d'améliorer ces relations et, pour ce faire, il faut de la retenue et de la sagesse», avait recommandé Ramtane Lamamra. Le Maroc a t-il enfin pris en considération ce conseil? A moins que le souverain marocain n'ait enfin fini par admettre que l'Algérie est incontournable en ce qui concerne la lutte antiterroriste que cela soit au niveau régional ou mondial. Son expérience est recherchée par les pays occidentaux qui sont sous la menace permanente de Daesh qui a mis les deux pieds au Maghreb. Le Maroc leur a-t-il emboîté le pas? Le message de Mohammed VI à Abdelaziz Bouteflika ne le dit pas explicitement, mais le laisse supposer.