Pieds et poings liés. C'est un président français qui a fait des efforts pour contenir son irritation à l'issue de la visite, jeudi dernier à Paris où planait l'ombre du général de Gaulle, de la toute nouvelle Première ministre anglaise, Theresa May. Il ne fait aucun doute qu'il a mal encaissé la «rallonge» jusqu'à la fin de l'année imposée par la dirigeante anglaise pour notifier le fameux article 50 qui régit la sortie d'un pays membre de l'Union européenne (Brexit). Sachant que ce n'est qu'à partir de là que le délai de deux ans, prévu en pareille circonstance, commencera à courir. Pendant tout ce temps-là, l'UE sera en mode «pause» attendant le bon vouloir des Anglais. C'est la cause de l'irritation de François Hollande qui a dû se faire violence pour demander, doucement et gentiment, à Theresa May «que le plus tôt sera le mieux». D'abord, parce que l'Angleterre n'est soumise à aucune obligation de calendrier (certains observateurs avancent même l'hypothèse de voir l'Angleterre ne jamais notifier sa sortie) et ensuite parce que la chancelière allemande, Angela Merkel, l'avait devancé en faisant part de sa «patience» à attendre la fin de l'année. Hollande ne pouvait pas faire voler en éclats l'axe franco-allemand. En réalité, ce Brexit ressemble à s'y méprendre à un objectif bien élaboré. C'est le 23 janvier 2013 que tout a commencé. Ce jour-là, le Premier ministre, David Cameron, avait promis aux Anglais, un référendum sur la question s'il était réélu. Il le fut en 2015 et très peu avaient gardé en mémoire sa promesse. Or et après avoir «arraché», en février 2016, un accord offrant une marge de manoeuvre plus grande à la Grande-Bretagne au sein de l'UE, David Cameron annonce la tenue du référendum promis pour le 23 juin 2016. Ce qui devait arriver arriva. Les résultats de la consultation donnaient la sortie de l'UE avec près de 52% des voix. Le lendemain, Cameron annonce sa démission qui, dira-t-il, prendra effet en octobre de la même année. Il ajoute que ce sera à son successeur de notifier l'article 50. Finalement, c'est la secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Theresa May qui, après avoir été portée à la tête du parti conservateur, s'est installée au 10 Downing Street, le 13 juillet de cette année. Ce qui aurait dû faire avancer le début de la sortie de l'UE. Au contraire, May pousse encore plus loin cette date. Il faut savoir que ce statu quo n'est pas sans effet pour l'UE. L'effet paralysant est indéniable. De même que la délocalisation de la place financière de Londres, aura des retentissements négatifs sur l'ensemble du Vieux Continent. Toute la question est de savoir jusqu'à quand tiendra la «patience» franco-allemande? Avant le clash!