La ministre de l'Intérieur britannique Theresa May a déclaré dimanche que le Royaume-Uni devait adopter une position claire à propos de l'accord post-Brexit avec l'Union européenne avant de déclencher l'article 50. Elle est donnée favorite pour remplacer David Cameron. David Cameron, démissionnaire après la décision des Britanniques de voter leur sortie de l'Union européenne le 23 juin dernier, a déclaré qu'il reviendrait à son successeur de décider quand déclencher l'article 50, étape formelle qui engagera le processus de négociations sur les termes d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE. "Ce qui est important est que nous fassions cela avec le bon calendrier et que nous le fassions pour obtenir le bon accord pour le Royaume-Uni", a déclaré Theresa May à la chaîne de télévision ITV. Theresa May, qui a fait campagne pour le maintien du pays dans l'UE avant le référendum, a également dit avoir entendu les inquiétudes du camp favorable au Brexit au sujet de l'immigration. Le prochain gouvernement devra travailler à la faire baisser à des niveaux acceptables, a-t-elle dit.
Aller de l'avant Andrea Leadsom, autre candidate à la succession de David Cameron, a pour sa part déclaré dimanche sur une chaîne de télévision de la BCC qu'elle commencerait rapidement le processus de négociations d'un Brexit si elle était choisie. Mme Leadsom, qui a fait campagne pour le Brexit, n'a toutefois pas donné de calendrier précis, mais a déclaré : "nous devons aller de l'avant, il faut saisir l'occasion." "Il s'agit de donner de la certitude aux entreprises, il s'agit de dire au monde : 'nous sommes ouverts aux entreprises'. Commençons par obtenir des accords de libre-échange aussi vite que nous le pourrons. (...) Nous devons avancer", a-t-elle ajouté.
May et Gove temporisent, Hollande s'agace Les deux favoris à la succession du Premier ministre britannique David Cameron, Theresa May et Michael Gove, ont annoncé qu'ils ne déclencheraient pas la procédure du Brexit avant fin 2016, voire en 2017, suscitant l'agacement du président français François Hollande. Mais les conséquences économiques du vote des Britanniques pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sont déjà palpables: le ministre des Finances George Osborne a annoncé qu'il faudrait sans doute abandonner l'objectif d'excédent budgétaire d'ici 2020. Et Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré au quotidien français Le Monde que les nombreuses incertitudes entourant les suites de la victoire du Brexit allaient "inévitablement" pénalisé la reprise économique en zone euro. Décidé à garder la main s'il devenait chef du gouvernement, le ministre de la Justice Michael Gove a affirmé vendredi qu'il n'enclencherait sans doute pas la procédure de sortie de l'Union européenne cette année. "Nous contrôlerons l'agenda, nous ne le ferons que lorsque nous serons prêts", a ajouté M. Gove, qui a fait campagne pour sortir de l'UE. "Nous avons besoin de discussions préliminaires", a-t-il encore dit. Jeudi, la ministre de l'Intérieur Theresa May avait déclaré que si elle était désignée, elle n'enclencherait pas l'article 50 du Traité de Lisbonne sur le divorce avec Bruxelles avant la fin de l'année.
Des milliers de manifestants à Londres Des milliers de Britanniques défilaient samedi à Londres pour manifester leur opposition à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, pendant que les candidats à la succession du Premier ministre David Cameron se rangent en ordre de bataille. Neuf jours après le référendum qui a décidé un Brexit, un long cortège s'est ébranlé peu avant 12H00 (11H00 GMT), en direction du Parlement depuis Park Lane, le long de Hyde Park, dans le centre de Londres. Des dizaines de drapeaux européens coloraient la foule, brandissant des pancartes "Breverse" -- soit l'annulation du Brexit --, "Le Brexit c'est des conneries" ou encore "La campagne du +leave+ a menti". "Nous t'aimons, l'UE", criaient également des participants. Selon un sondage Ipsos Mori pour la BBC, 16% des Britanniques ayant voté au référendum pensent que la Grande-Bretagne restera dans l'UE, 22% ne sachant pas si le pays sortira du giron européen. 48% des votants par ailleurs estiment que des élections législatives doivent avoir lieu avant l'ouverture des négociations de sortie de l'UE. Pour le chef de la diplomatie vaticane, Mgr Paul Richard Gallagher, interrogé samedi, le choc du Brexit doit provoquer une "refondation" de l'Europe et "renforcer" ses objectifs.
Double trahison Theresa May, 59 ans, conforte son statut de favorite pour succéder à David Cameron : une centaine de députés conservateurs, sur 330, lui ont d'ores et déjà apporté leur soutien, contre une vingtaine pour Michael Gove, selon les médias britanniques. Le ministre de la Justice Michael Gove risque, lui, de pâtir de sa double trahison - d'abord de son ami David Cameron, puis de Boris Johnson - qui lui vaut nombre d'inimitiés au sein des députés conservateurs, dont 60% ont voté pour un maintien dans l'UE. "Après l'énorme choc du vote pro-Brexit, le pays a besoin de stabilité et de quelqu'un de compétent et d'habile dans les négociations. Elle (Theresa May) est peut-être ennuyeuse (...) mais quelqu'un d'ennuyeux et de compétent est sans doute ce dont nous avons besoin aujourd'hui", écrit John Rentoul, commentateur du journal en ligne The Independent. Le nom du successeur de David Cameron doit être annoncé le 9 septembre. De son côté, la reine Elisabeth II a ouvert samedi matin la 5e session du Parlement écossais sans faire la moindre allusion au Brexit dans son discours. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon s'est-elle contentée de clore son intervention en lançant que l'Ecosse allait continuer "à jouer son rôle dans une Europe plus forte". L'Ecosse a voté à 62% pour un maintien dans l'UE et Mme Sturgeon a mis sur la table la possibilité d'un nouveau référendum sur l'indépendance de la nation.