La poussée des militaires se fait en parallèle de mesures d'apaisement et de réconciliation. Au moins une dizaine de terroristes ont été abattus ces derniers dix jours au centre, à l'est et au sud du pays, dans des embuscades tendues par des unités de l'armée. Le plus grand nombre (7) a été neutralisé à l'est de la région de Boumerdès: un à Cap Djinet, quatre artificiers à Sidi Daoud dans la forêt de Ghazaouet, et enfin deux à Naciria au lieu-dit Ouled Aïssa. Ces deux derniers ont été identifiés par la suite comme étant les nommés Aïssous Abdellah, âgé de 29 ans, et Rahli Sid Ali, âgé de 30 ans, tous deux originaires de la région. Les trois autres terroristes ont été abattus à Jijel et Béchar. La présence de terroristes dans la région de Béchar, à l'extrême sud-ouest, à près de 1000 kilomètres d'Alger, a de quoi étonner car depuis la mort de Saïd Mekhloufi, natif de la région, abattu par ses acolytes aux abords de la ville de Béchar, on croyait que la région était vidée de tous les éléments armés qui se sont rabattus sur des régions plus au nord, comme Mécheria et Aïn Sefra. Mais pour le moment, c'est pratiquement toute la région comprise entre Tizi Ouzou et Boumerdès qui nourrit le plus de craintes. De Dellys à Zemmouri, en passant par Bordj Ménaïel, Cap Djinet, Legata, Sidi Daoud, Sahel Boubrak, Ouled Ali, les Issers, Thénia et Beni Amrane, l'activité terroriste est intense. Selon les propos d'un officier de l'armée, «les terroristes intensifient ces derniers jours le racket et le prélèvement d'impôts chez certains agriculteurs et commerçants». Le nombre d'éléments actifs et opérationnels affiliés aux deux katibate qui se partagent la région, reste impressionnant. «150 hommes pour katibate Al Ansar, dirigée par le dénommé «Selmane», et 50 à 60 pour katibate Al Arkam», assure un officier de l'ANP. En fait, les deux katibate sont subdivisées en plusieurs groupes réduits mais extrêmement efficaces dits «saraya», et chaque «seriyat» accapare un espace délimité où son action sera ciblée et rapide. La plus connue aujourd'hui de ces seriyat est celle appelée «seriyat El Merikh», qui active à l'est de Boumerdès. Le nouveau découpage de la région fait par la direction du GSPC, partage le Centre en quatre zones distinctes : entre Alger et Boumerdès, ce sont deux groupes qui se partagent les tâches : les katibate El Fath et El Qods. Entre Boumerdès et Tizi Ouzou, ce sont Al Ansar et Al Arkam qui mènent les actions. A elles seules, ces quatre katibate accaparent la quasi-totalité des effectifs du groupe salafiste, estimés entre 350 et 500 par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, et le directeur de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, dans de récentes déclarations à la presse. Selon un bilan établi sur la base de communiqués officiels, treize terroristes ont été neutralisés depuis le début du mois de février contre 38 durant le mois de janvier 2005. Parallèlement à l'action armée de l'ANP (ratissages et embuscades), des contacts sont entrepris avec des groupes armés notamment ceux du Centre et de l'Est (Tizi Ouzou, Boumerdès, Skikda, Jijel, Sétif, etc.) en vue de faire rallier le maximum de terroristes à la politique de la réconciliation, principal axe autour duquel s'articule le discours sécuritaire officiel.