Il s'agit, vraisemblablement, de l'attaque la plus meurtrière depuis plusieurs mois. Neuf militaires ont été tués samedi dernier, avant la tombée de la nuit, dans une embuscade au lieu-dit Bouarous, au nord-est de Aïn Defla. Selon nos sources, des GLD de la région, il s'agirait d'une embuscade et non d'un accrochage, ce qui explique le nombre important de militaires tués dans cette opération. Selon les mêmes sources, il s'agit d'un convoi militaire qui est tombé dans une embuscade vers 17h, sur une route traversant une forêt au lieu-dit Tiziouine, dans la commune de Ben Allel, au nord-est d'Aïn Defla. Des sources ajoutent que hormis les neuf militaires tués, il y eut aussi plusieurs tués et blessés dans l'accrochage qui a suivi l'attaque et ce, dans les rangs du groupe des assaillants. Leurs corps ont été emportés par le reste du groupe, fort de 40 à 50 hommes, selon des sources. Des membres d'un GLD local ont affirmé que l'armée a déclenché une opération de recherche, utilisant des hélicoptères et des chars. Des tirs d'artillerie ont été entendus durant toute la nuit. Cette zone est fréquentée par des groupes armés extrêmement mobiles et qui ont un «espace de transhumance» qui va pratiquement des hauteurs de Tipaza et Cherchell au nord, et de Derrag et Ksar El Boukhari, au sud, jusqu'à Relizane et Saïda, en passant par Tiaret, Aïn Defla, Chlef, Tissemsilt et Bel Abbès. Zone de «patchwork terroriste» après la désintégration du GIA, elle a été rattachée au Gspc depuis l'année 2000 puis depuis le début 2003, grâce au pacte que Hassan Hattab, émir du Gspc à l'époque, avait passé avec les émirs locaux. Un des plus importants chefs locaux, Douadji Yahia, appelé «Yahia Abou Ammar», aujourd'hui membre de la direction du Gspc-Al Qaîda et chef militaire de l'organisation au niveau national, était, à l'époque, à la tête du Groupe salafiste combattant (GSC), et activait entre Aïn Defla et Relizane, avant de rallier le Gspc par le biais d'un communiqué largement diffusé en 2003. Il s'agit vraisemblablement de l'attaque la plus importante et la plus meurtrière depuis l'attaque qui avait ciblé et tué neuf gendarmes sur la côte de Béjaïa, il y a plusieurs mois. Alors que des mégaratissages sont opérés à l'est, le Gspc frappe à l'Ouest. Cette embuscade intervient aussi à un moment où l'armée essaie de donner un coup de pied dans la fourmilière du Gspc-Al Qaîda et déloger les membres de cette organisation de ses fiefs kabyles. Il y a quatre jours, trois militaires ont été tués dans la région de Biskra. Les trois soldats ont été tués dans l'attaque d'un poste de contrôle sur la route de M'chouneche, près de Biskra. Les terroristes, qui ont attaqué le poste militaire aux roquettes RPG7, ont fait également deux blessés parmi les gardes communaux qui assistaient les soldats dans la protection du poste de contrôle, alors que l'armée enregistrait de bons résultats, les décomptes, invérifiables, du reste, faisant état d'au moins une quinzaine de terroristes abattus dans la Kabylie et les fiefs du sud-est du pays. Le 3 mars, trois Algériens et un Russe avaient été tués et au moins cinq personnes blessées, dont un Russe et deux Ukrainiens, dans un attentat à la bombe contre un autobus transportant des employés d'une société russe dans cette même région d'Aïn Defla au lieu-dit Hayoun, au sud de cette ville. L'autobus, escorté par la gendarmerie, transportait 21 employés de la société russe Stroitransgaz qui regagnaient leur campement après une journée de travail. L'attaque a été revendiquée par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) devenu la branche armée d'Al Qaîda au Maghreb. A noter que l'attaque de Bouchaoui avait fait la «une» de la presse nationale et internationale, par son audace poussée à ses extrêmes limites, en allant s'attaquer à des étrangers dans une zone considérée comme une des plus sûres de la capitale. Un des bilans -non officiel- les plus «optimistes» des services de sécurité est celui qui a fait état d'une trentaine de terroristes armés, dont des chefs, qui auraient été tués par l'armée, laquelle a déployé, dans cette région montagneuse et difficile d'accès, de grands moyens en hommes et en matériels. Désarticulé un moment par la perte de ses chefs, en juin 2004, par la saignée de ses hommes, décimés par les coups de l'armée ou séduits par la réconciliation nationale qui les absout de leurs crimes et leur offre des solutions intéressantes, le Gspc adopte depuis lors, une nouvelle stratégie et revient à l'actualité de manière fort effrayante.