L'ex-arbitre international s'en est pris à certains présidents de clubs. L'arbitrage dans le football algérien est l'objet de vives critiques de la part de certains dirigeants de clubs qui ont amené la fédération à réagir en créant, à son niveau, une commission chargée de la désignation et du suivi de nos arbitres. Cette nouvelle situation a incité M.Abderahmane Bergui, ex-arbitre international, ex-membre de la FAF et de la LNF, à animer une conférence de presse qu'il a tenue, hier matin, à El-Biar, au siège de l'association Ouled El Houma dont il est le président. «J'ai activé pendant 25 ans comme arbitre, a-t-il déclaré en introduction. Ma conscience ne me permettait plus de rester en dehors du débat touchant à cette corporation, je suis profondément attaché à elle». Et l'orateur de poursuivre : «Il faut savoir que la DTNA a été créée par la force des choses. La saison dernière, des histoires tournant autour de l'arbitrage avaient amené la fédération à écarter 15 arbitres. La FAF avait, alors, estimé qu'il était temps de passer à autre chose et de voir autrement la manière de gérer la corporation. D'où l'idée de mettre sur pied la DTNA. J'avais été sollicité par le président de la FAF. J'avais accepté d'en faire partie et c'est moi-même qui lui avais proposé de prendre Medjiba comme président de la nouvelle structure. Nous avions, alors, mis en place un nouveau mode de désignation des arbitres. Cette situation avait désorienté ceux qui avaient la mainmise sur l'arbitrage en Algérie. Ces gens avaient perdu leurs repères et leurs relais avec le nouveau système. D'où la déstabilisation qui a été orchestrée. Il leur fallait dégommer cette structure pour reprendre en main la désignation. Et ils sont en train d'y parvenir. J'avais senti le coup venir, c'est pourquoi j'ai décidé de me retirer de la DTNA. Je savais que celle-ci allait perdre quelques-unes de ses prérogatives. A partir du moment qu'on lui a enlevé la désignation ainsi que le suivi et l'évaluation des arbitres, que lui restait-il ? Le développement et la formation, c'est vrai mais l'un n'allant pas sans l'autre, la DTNA avait perdu sa sève». Bergui s'en prendra aux dirigeants de clubs en déclarant : «Aujourd'hui, il y a une nouvelle race de dirigeants de clubs qui pensent que tout s'achète, l'arbitre comme l'adversaire. Je ne cherche pas à défendre les arbitres, ils sont assez grands pour le faire, mais je veux défendre l'arbitrage. Ce à quoi on assiste, c'est à une démolition du corps arbitral par des dirigeants à travers la presse. Des fois ils usent de graves accusations et font de la diffamation. Or les statuts et les règlements généraux de la FAF imposent le devoir de réserve à tous les membres de l'AG de la fédération. Malgré tout ce qui se dit, malgré les attaques violentes de certains dirigeants de clubs, il n'y a aucune réaction des instances qui dirigent notre football. Le devoir de réserve est imposé aux arbitres mais pas aux dirigeants de clubs qui semblent agir en terrain conquis. De ce fait l'arbitrage algérien est devenu orphelin. Il n'a plus personne pour le défendre». Le président de Ouled El Houma pense qu'il est temps d'intervenir. «D'anciens collègues arbitres et moi-même avons convenu qu'il fallait réactiver l'association nationale des arbitres. Je vais prendre de mon temps pour sillonner le pays dans cet objectif. Il faut que les arbitres soient pris en charge et trouvent un espace où ils puissent s'exprimer et voir leurs intérêts défendus». L'occasion fut également, donnée à M.Roumane, en sa qualité de président de l'association des arbitres de la région d'Alger, de parler d'un fait qui avait défrayé la chronique en son temps. «Il y a deux ou trois ans, des arbitres avaient eu à diriger un match à Aïn M'lila, a-t-il dit. Ce jour-là, avant le match, ils avaient reçu la visite dans leur vestiaire d'un membre du bureau de la LNF qui était venu leur demander d'influer sur le sort du match. Ces arbitres avaient, alors rédigé un rapport sur cet incident pensant que la fédération et la LNF allaient agir en conséquence. Or, rien n'a été fait. Pire encore, la personne incriminée est montée en grade et a été nommée responsable de la commission de vulgarisation des lois du jeu». Pour terminer sa conférence de presse, M.Bergui a indiqué qu'il «a soutenu et qu'il continue de soutenir le président de la FAF. Seulement on assiste à une campagne qui semble se coller à une conjoncture puisque dans quelques mois il y aura une assemblée générale élective de la FAF. Les enjeux sont clairs. Le président de la FAF doit voir d'où vient la destabilisation. Certainement pas des arbitres qu'on suspend avec une facilité dérisoire. Ceux qui se clament avec lui sont ceux qui sont en train de tirer les ficelles pour lui nuire».