Une vue de la réunion Sur les 22 pays, 6 seulement ont dépêché respectivement leurs premiers magistrats. Le reste des délégations est conduit par des Premiers ministres. Ouvert hier à Nouakchott, le 27e Sommet de la Ligue arabe a connu deux moments forts: le discours d'Abdelkader Bensalah qui a représenté le président de la République et la lettre du président russe Vladimir Poutine. Les deux messages ont le mérite de mettre les Arabes devant leur responsabilité historique. Dans son allocution, Abdelkader Bensalah a mis l'accent sur l'impérative réforme de l'organisation panarabe, aujourd'hui inopérante et totalement dépassée par les enjeux de l'heure. Pour l'Algérie, sa proposition aura le mérite d'apporter «à notre action commune l'efficacité requise pour s'adapter aux exigences arabes de l'heure et faire face aux nouveaux défis en vue de promouvoir l'action arabe commune au service de nos causes nationales et répondre aux attentes de nos peuples». Les objectifs, ainsi énoncés par le président du Conseil de la nation, n'intéressent pas quelques pays pivots de la Ligue qui restent fermés à toute proposition tendant à remettre en cause leur hégémonie. Mais l'argument de l'Algérie est plus fort et la situation dramatique que vivent nombre de peuples arabes appuie la démarche d'Alger. Pour Bensalah, la conjoncture régionale et internationale «impose à notre sommet d'agir suivant une vision stratégique commune qui prenne en charge les questions décisives liées à la politique sécuritaire et socio-économique notamment la lutte contre le terrorisme et le danger de la propagation des organisations terroristes qui menacent la sécurité et la stabilité de nos pays». Des aspects concrets et qui répondent aux attentes des Arabes, sauf que cela ne constitue pas la priorité pour nombre de chefs d'Etat qui ont choisi de ne pas venir. En effet, sur les 22 pays six seulement ont dépêché respectivement leurs premiers magistrats. Le reste des délégations est conduit par des Premiers ministres ou des ministres des Affaires étrangères. Par la voix d'Abdelkader Bensalah, l'Algérie a réitéré ses positions sur les dossiers chauds du moment. La situation en Libye, en Syrie, au Yémen et en Palestine préoccupe grandement le gouvernement algérien et Bensalah n'a pas manqué de souligner l'impératif de privilégier la solution politique. Mais il est vrai que pour que cette vision triomphe dans les comportements des Etats, une réforme sérieuse et profonde est nécessaire. Le message du président russe, Vladimir Poutine, est venu conforter l'approche de l'Algérie sur la gestion des conflits. «Notre conviction est que la lutte contre le mal doit être menée à partir d'une conjugaison d'efforts visant l'instauration d'un règlement politique aux situations de crise prévalant en Syrie, Irak, Libye, Yémen et dans d'autres foyers de tension. Ceci se ferait sur la base du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tous les pays par le biais d'un dialogue inclusif et la recherche d'un accord national», a dit le président russe. Quant à la question palestinienne, Poutine a réitéré la disponibilité de son pays à appuyer fortement la cause. «Nous considérons le statu quo inacceptable et sommes pour la création de conditions pour une relance rapide du processus de négociation afin d'établir un Etat palestinien, viable et indépendant, avec comme capitale Jérusalem-Est. Un Etat qui coexistera pacifiquement avec ses voisins», a déclaré M. Poutine. Hormis, ces deux temps forts du Sommet, il était difficile, hier à Nouakchott, de trouver un semblant de volonté d'éteindre les brasiers arabes qui ont fait plus d'un million de morts entre Syriens, Irakiens, Libyens et yéménites en cinq ans de guerre, entretenue par une coalition conduite par l'Arabie saoudite qui a pris part à la destruction de tous les pays actuellement en conflit depuis 2011.Le Sommet de la Ligue arabe, dont la durée à été réduite de moitié et transformé en un espace de débat informel, n'augure pas d'une quelconque avancée sur aucun des dossiers de l'heure. C'est tout juste si les Arabes ont voulu maintenir leur Ligue à l'état végétatif. Il n'y a aucune autre explication, puisqu'on ne sent aucune volonté véritablement collective de faire taire les armes inter-arabes pour les diriger sur les deux ennemis communs que sont le terrorisme et Israël. De fait, les activités de la délégation algérienne s'étaient portées sur les discussions bilatérales, notamment le tête-à-tête entre Bensalah et le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale de Libye, Fayez al Serradj. Sur le même dossier libyen, Abdelkader Messahel a rencontré l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler.