Comment en finir avec cette grangrène de l'informel? Près de 5000 infractions pour défaut de facturation ont été constatées durant les six premiers mois de l'année 2016. L'échec de l'opération de bancarisation des fonds de l'informel lancée l'été dernier (en août 2015) est pratiquement consommé. Les barons du commerce parallèle ont refusé la main tendue par le gouvernement. Un constat confirmé par les chiffres rendus publics par les services du ministère du Commerce. «Le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales non facturées, mises au jour par les services du ministère du Commerce au 1er semestre 2016, a augmenté à 41,64 milliards DA contre 31,51 milliards de dinars durant la même période de 2015», indique une dépêche de l'APS datée du 2 août 2016. Une fraude qui a explosé au point d'atteindre une hausse de 32%. La mafia de l'informel redouble de férocité, l'appétit venant en mangeant. Peu importe le caractère illicite de leur business. Ce n'est en tous cas pas sur eux que doivent compter les pouvoirs publics pour limiter la «casse» provoquée par la dégringolade des prix du pétrole. Encore moins en ce qui concerne la mise en oeuvre d'un nouveau modèle de croissance économique pour sortir l'Algérie de son addiction au gaz et au pétrole. Leur «mission» est de saigner l'économie nationale. De priver la trésorerie du pays, déjà sérieusement mise à mal par la baisse des cours de l'or noir, de revenus qui serviraient les intérêts vitaux de la nation. La solidarité et la générosité sont étrangères à leur sens des affaires qui repose fondamentalement sur la transgression de la loi, la fraude et la rapine. Une pratique élevée au rang de culture dont la diversification montre toute l'étendue du fléau. 30.658 infractions pour défaut de publication des prix et tarifs (41% du nombre total des infractions), 5654 pour défaut de publicité des mentions légales (7,5%), 8320 pour exercice d'activité commerciale sans local (11,1%), 6199 pour opposition au contrôle (8,3%), 5300 pour défaut de registre du commerce (7,1%) et 1244 pour pratique de prix illicites (1,7%) ont indiqué hier les enquêteurs du département de Bakhti Belaïb. Quelles mesures ont été prises contre ces «tricheurs» qui défient la République? S'agissant des mesures administratives conservatoires, il a été procédé à la saisie de marchandises pour une valeur de 3,72 milliards de dinars et à la fermeture administrative de 6435 locaux, indique le document du ministère du Commerce qui souligne que 3720 contrevenants ayant commis des infractions de facturation et d'exercice d'une activité commerciale sédentaire sans local font l'objet d'une inscription au fichier national des fraudeurs. Les frontières sont-elles concernées par ce phénomène? «Les opérations de contrôle de la conformité et de la répression des fraudes, au niveau des frontières, ont permis la constatation de 43.863 infractions aux règles relatives à la protection du consommateur.», indique la même source. Du menu fretin si l'on se réfère au magot amassé par les fraudeurs grâce aux transactions illégales. La mafia de l'économie parallèle se montre de plus en plus vorace. Ses recettes sont en expansion. Entre 2010 et 2015, les transactions commerciales non facturées se sont élevées à plus de 270 milliards de DA. «Sur l'année 2015, le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales sans factures avait atteint plus de 64 milliards de DA, en hausse de près de 10% par rapport à 2014», avaient écrit les services du ministère du Commerce au mois de mai dernier. En 2016, il atteindra probablement un record historique. Si elle a éprouvé les Algériens, pour les barons de l'informel elle restera celle de la prospérité.