Après une courte accalmie syndicale au sein du complexe sidérurgique d'Annaba, des perturbations s'annoncent à court terme. Les espoirs de l'Etat semblent s'évaporer quant à la réhabilitation des équipements du complexe sidérurgique d'El Hadjar, pour une production de la taille de cette entité économique phare en Algérie. En effet, depuis la récupération des actifs de l'ex-ArcelorMittal - Annaba, devenu Imettal-El Hadjar, le sempiternel conflit syndical revient au-devnt du complexe sidérurgique d'Imettal. La masse salariale composée de 5400 employés semble bien déterminée à écarter le bureau syndical du complexe. Selon les propos recueillis auprès d'un bon nombre d'entre les sidérurgistes, ces représentants des travailleurs, qui leur ont été imposés, sont en train d'activer en dépit de l'expiration de leur mandat. A l'origine de cette demande, le retard dans le versement des salaires, mais surtout, l'absence d'activité syndicale, pouvant traiter des problèmes socioprofessionnels des sidérurgistes. Ainsi, ces derniers sont rejetés dans le fond et dans la forme par la masse des travailleurs. Dans ce sens, une correspondance vient d'être adressée au premier responsable de la wilaya, Youcef Cherfa en l'occurrence représentant l'Union locale des travailleurs d'Annaba et l'Ugta, bureau de wilaya d'Annaba. Aux termes de cette correspondance, il est fait état du refus catégorique des travailleurs des différentes unités de production d'El Hadjar, du renouvellement d'un second mandat au profit de l'actuel bureau syndical. Par conséquent, ces derniers confirment l'illégalité de sa représentativité des sidérurgistes et exigent la tenue d'une assemblée générale élective de leurs représentants, comme stipulé par les textes de loi, régissant l'activité syndicale. Contactés, des dizaines de travailleurs ont décidé de camper sur leur position et réclament le départ de l'actuel bureau syndical. «Ils nous ont été imposés bon gré mal gré. Seulement, depuis leur installation à la tête du syndicat d'entreprise, ils n'ont jamais réglé un quelconque problème des travailleurs», nous dit-on. Et d'ajouter: «Ce sont des gardes-fous de l'administration et la direction générale.» Toutes lesdéclarations ont laissé entendre que le staff syndical oeuvre pour ses propres intérêts et ceux de ses maîtres, laissant aux calendes grecques ceux des travailleurs. «Aucune réunion ou rencontre n'a été enregistrée par les présumés représentants des employés, avec les responsables du complexe, à l'effet de débattre d'un quelconque souci des sidérurgistes, ô combien sont nombreux nos problèmes!», a lancé un groupe d'une unité de production du complexe. Sur ce point, nos interlocuteurs ont mis en avant la suspension de deux de leurs collègues: «Si aujourd'hui, ils ont réintégré leurs postes c'est parce qu'ils ont fait pression sur le partenaire social, de par la grève de la faim qu'ils ont observée pendant plusieurs jours», devaient-ils préciser. Ces problèmes et tant d'autres ont trait notamment à la réhabilitation des équipements du complexe, le HF surtout. Ce dernier a été retenu dans le plan d'investissement global, pour lequel une enveloppe d'un milliard de dollars a été retenue dont 720 millions de dollars pour l'investissement et la réhabilitation de la chaîne de productivité du complexe sidérurgique. En effet, depuis la récupération des 51% des actifs du complexe par l'Etat algérien en 2015, dont l'accord avait porté sur outre, le plan d'investissement global et le pacte de stabilité sociale. Ce dernier avait porté surtout sur une augmentation des salaires et la réintégration de tous les travailleurs licenciés. Malheureusement, la concrétisation de ces points dont l'objectif était d'augmenter la capacité de production du complexe d'El Hadjar à 2,2 millions de tonnes par an en 2017. Après le renforcement des capacités de l'aval par l'implantation d'un nouveau laminoir de ronds à béton et de fils pour machine d'une capacité de 1 million de tonnes. Une nouvelle politique économique devant impliquer la modernisation de la filière fonte d'Annaba, notamment du haut fourneau, ainsi que les installations de préparation de la matière, aciéries et laminoirs existants et la construction d'une nouvelle filière électrique. Or, le complexe de sidérurgie d'El Hadjar qui vit une contre-performance avec des pertes de plusieurs dizaines de millions de dollars est d'autant plus dommageable qu'il s'inscrit dans un contexte économique porteur et une demande très dynamique d'acier sur le marché algérien. Les chiffres illustrent bien cette descente au plus bas niveau de sa production, jamais connue où, en 2012 le complexe avait produit 580.000 tonnes d'acier, alors qu'il avait été programmé pour la production de 600.000-700.000 tonnes. C'est dire que le partenariat avec le géant de l'acier dans le monde n'a été qu'une grande arnaque. Après sa récupération, l'usine sidérurgique, devait renaître de ces cendres. Ce ne fut point le cas, puisque la baisse de la production avait, même après révision de la règle des 51/49% en 2015 affiché une forte baisse atteignant les 300 000 tonnes, contre une demande nationale, pour les seuls ronds à béton et fils pour machine, d'environ 4 millions de tonnes. Cette situation pour le moins que l'on puisse dire, a été provoquée par le retard, si ce n'est l'absence d'une vraie volonté pour remettre le complexe sur les rails de la production nationale et internationale. C'est pourquoi la réhabilitation du haut fourneau numéro deux du complexe sidérurgique El Hadjar, lancée en octobre 2015, assurée par des experts russes et sud-africains, avait quelque peu rassuré les 5 400 sidérurgistes, dont leur masse salariale coûte à l'Etat 50 millions de DA, mais qui doit surtout les éclairer sur le devenir des fonds de l'investissement global, devenus au fil du temps un mirage. Pour l'heure, l'éventualité d'une non-rentabilité occasionnera des surcoûts qui sont en ce moment pris en charge par le Trésor public où l'Algérie avec la baisse du cours des hydrocarbures connaît des tensions budgétaires. Zone à haute tension, tant pour le complexe que pour ses employés. C'est là, un appel d'urgence lancé pour sauver les milliers de postes d'emploi et par là même couvrir les besoins du pays en produits sidérurgiques au lieu de les importer.