En 2011, déjà, Rached Ghannouchi avait installé, dans le gouvernement qu'il conduisait, son propre gendre comme ministre des Affaires étrangères. Dans une déclaration aux médias, le chef du futur gouvernement, Youssef Chahed, a indiqué, samedi, que la structuration du prochain gouvernement importe plus que les noms qui vont y participer. «La structure du futur gouvernement doit être efficace et son action devra se baser sur un véritable travail d'équipe, et ce, indépendamment des noms», affirme M.Chahed. Et d'ajouter que le prochain gouvernement sera politique, basé sur les compétences nationales, loin des quotas partisans, tout en précisant que certains anciens ministres pourraient être reconduits, comme ils pourraient ne pas l'être. Le successeur de Habib Essid, né un 18 septembre 1975 à Tunis, spécialisé en agriculture, marié et père d'une fille, a démarré sa carrière politique en 2011. Il a adhéré au début à «la voix du centre» avant de rejoindre, avec d'autres, «Al Jomhouri» puis Nidaa Tounes, où il devient vite membre du bureau exécutif. Il est ensuite nommé au poste de secrétaire d'Etat à la Pêche dans la première équipe de Habib Essid, avant de devenir ministre des Affaires locales dans ce même gouvernement. Youssef Chahed est le petit-fils de la militante féministe Radhia Haddad, première femme députée en Tunisie, et membre de la famille (par alliance) du président Béji Caïd Essebsi. Un lien de parenté qui, évidemment, n'a pas manqué de susciter de nombreuses critiques. Son âge et son expérience récente nourrissent la polémique sans l'empêcher de bénéficier de la sympathie des deux partis majoritaires aux dernières élections, Ennahda et Nidaa Tounes. Il est vrai qu'en 2011, déjà, Rached Ghanouchi avait installé, dans le gouvernement qu'il conduisait, son propre gendre comme ministre des Affaires étrangères. Au plan de la concertation pour la composition du futur gouvernement d'union national, les spéculations vont bon train, ainsi que les manoeuvres d'ailleurs. C'est ainsi qu'en marge des tractations, les premières fuites sur les ministres qui seront maintenus et ceux qui vont partir concernent d'abord les partis d'Ennahda et de Nidaa Tounes. Ceci est particulièrement vrai pour Abdellatif Mekki qui multiplie les démarches afin de reconquérir le portefeuille de la santé, aux dépens de Saïd Aïdi. Le ministre du Développement de l'Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, a été pour sa part reçu vendredi, par le nouveau chef du gouvernement, qui attend les suggestions de Afek Tounes d'ici la fin de semaine. M. Brahim a expliqué que son parti a proposé l'organisation du gouvernement en pôles de compétences, avec un pôle économique et un autre des affaires sociales et que le chef du gouvernement, ainsi que les autres partis, étaient favorables à ces idées. Youssef Chahed a également reçu Khemaïes Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères qui pourrait être maintenu dans le futur gouvernement d'union nationale.Aussi, Néji Jalloul, ministre de l'Education, figure parmi les ministres qui seront reconduits, eu égard à sa «réussite dans la maîtrise de dossiers sensibles» et la supervision de réformes cruciales dans le secteur de l'Education. Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme, serait restante aux côtés de Anis Ghedira, ministre du Transport et Amor Ben Mansour ministre de la Justice. Quant aux candidats à l'exil, il est question du ministre de la Santé, Saïd Ayadi, qui traîne de nombreuses casseroles et celui des Affaires sociales, Mahmoud Ben Ramdhane, à qui on reproche d'avoir «manqué de solidarité» au sein de Nidaa Tounes, lors des joutes entre le clan de Hafedh Caïd Essebsi et ses détracteurs. Enfin, deux nouvelles personnalités de l'Union patriotique libre (UPL), à savoir Samira Chaouachi et Mahmoud Baroudi, devraient faire leur entrée dans le gouvernement, selon les révélations de coulisses dont l'ultime porte sur l'appétit d'Ennahda qui revendique 5 ou 6 ministères et souhaite être représenté par un conseiller au sein de la présidence du gouvernement.