Miloud Chorfi vient de réaffirmer la souscription de son parti au projet de réconciliation nationale globale. L'idée d'une amnistie générale qui est venue soutenir le projet de la réconciliation nationale, s'apparente à une arlésienne qui suscite chez les partis un débat guidé par une extrême prudence. C'est le cas du RND, membre influent de l'Alliance présidentielle. Entre la réconciliation globale et le projet d'amnistie générale, le parti d'Ouyahia surfe sur la sémantique au risque de se faire devancer par ses alliés. Ouyahia affirme ignorer le contenu et les contours de l'amnistie générale, «un projet qui appartient exclusivement au président de la République». De ce fait, il est hors de question pour lui «de se ruer vers une campagne électorale pour squatter le projet du président». L'actuel chef du gouvernement, qui n'a vraisemblablement, pas réussi à extraire du débat un projet «aux contours flous», cède la parole à Miloud Chorfi. Ce dernier vient de réaffirmer la souscription de son parti au projet de réconciliation nationale. Il y a deux jours, le porte-parole du RND a déclaré à Relizane que les militants, les élus et les cadres du RND soutiennent «avec force» la démarche du président de la République pour la concrétisation de la réconciliation nationale globale. Il faut remarquer que le lexique du parti d'Ouyahia s'enrichit d'une nouvelle sémantique: la réconciliation nationale globale qui n'est autre que l'étape finale du projet d'amnistie générale évoqué par le président de la République dans son discours à l'occasion du 1er Novembre. La parade ainsi trouvée, le RND ne veut plus rester en marge d'un débat déterminant pour l'avenir de la société. Ainsi, Miloud Chorfi a annoncé que son parti «organisera une campagne aux cotés des autres partenaires pour le succès de la démarche de réconciliation nationale initiée par le président de la République». Si dans l'énoncé de son projet, le chef de l'Etat n'a précisé ni les contours ni avancé de calendrier, l'effervescence des associations et des partis annonce le rendez-vous pour les semaines à venir. La commission ad hoc de Ksentini chargée de faire la lumière sur le dossier des disparus a terminé son travail. Les partis réagissent et les associations se mettent de la partie. M.Bouteflika a laissé entendre que l'amnistie générale ne sera promulguée que lorsque la société y sera préparée et que les plaies causées par la tragédie seront cicatrisées. En d'autres termes, il faut que le projet mûrisse au sein de la société elle-même. Les appréhensions, les réticences, se font déjà sentir de la part des familles des disparus et des familles victimes du terrorisme. Les premières conditionnent leur adhésion au projet du président à la connaissance de la vérité et la traduction des auteurs des dépassements devant la justice. Les secondes redoutent que ce projet ne soit une porte de sortie pour les assassins et une occasion d'affranchir ceux qui ont plongé le pays dans le chaos. Par son caractère sensible, le projet de M.Bouteflika dépasse amplement le cadre sécuritaire. «L'amnistie générale n'est pas un simple moyen pour régler la crise mais le couronnement d'une action politique menée par l'Etat, les partis politiques, la société civile et des personnalités, et d'une action militaire menée sur le terrain par l'ANP» a soutenu, il y a quelques mois, l'ex-sénateur Mokrane Aït Larbi.