Miloud Chorfi et Seddik Chihab ont rappelé, lors d'une conférence tenue, hier, à Alger, le “caractère indissociable” des deux concepts. Le RND poursuit la campagne d'explication et de vulgarisation du projet de réconciliation et d'amnistie générale, entamée il y a quelques jours. Après les rencontres organisées à l'intérieur du pays, le parti d'Ahmed Ouyahia est passé, hier après-midi, à la vitesse supérieure en choisissant la capitale, pour sa symbolique, afin de réussir un grand coup médiatique. Même si elle a été présentée par les organisateurs comme une simple conférence entrant dans le cadre du programme initialement tracé par le bureau national, il n'en demeure pas moins que celle-ci est loin d'être une simple activité organique. La qualité des conférenciers plaide en conséquence : trois membres de l'instance exécutive, proches collaborateurs du secrétaire général, le contexte national marqué par l'imminente annonce de profonds changements par le chef de l'Etat, auquel il faut ajouter l'intitulé de l'exposé “La réconciliation : processus et consécration” font que cette rencontre revêt un cachet important et stratégique. Alors que les observateurs et l'opinion publique attendent de pied ferme Ahmed Ouyahia, ce dernier a préféré envoyer des “éclaireurs” tâter le terrain et maintenir ainsi le suspense concernant sa position jusqu'à la mi-janvier prochain période choisie pour la tenue d'une session du conseil national de son parti. Au cours de la conférence, d'hier, le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, et le président du groupe parlementaire du parti au sein de la Chambre haute, Seddik Chihab, sont venus rappeler le cadrage “imposé” par le patron sur le thème de la réconciliation nationale. Les deux animateurs sont restés fidèles à la terminologie usitée, reprenant presque mot à mot l'argumentaire développé par Ouyahia dans une communication lue lors de l'université d'été en août dernier à Constantine. Premier à prendre la parole, Chorfi a excellé dans son rappel du soutien du RND au programme du président de la République, phrase qui revenait le plus lors de la conférence d'hier. Dans son exposé, le bras droit du secrétaire général du RND a explicité la philosophie du parti sur le thème récurrent de l'amnistie générale, maintes fois martelé par le chef de l'Etat, en déclarant : “On ne peut concrétiser la réconciliation nationale sans l'aboutissement d'autres réformes” ; réformes économiques, judiciaires et administratives que Seddik Chihab considère aussi importantes que la réconciliation nationale. Le conférencier pousse l'analyse plus loin, en affirmant qu'on “ne peut pas parler de loi sur l'amnistie générale sans l'insérer dans le cadre de la réconciliation nationale, sinon cette amnistie va se transformer en décision technique d'en haut comme tout autre amnistie présidentielle”. Il s'agit d'une ébauche de réflexion en “phase de maturation” quant à la position du RND sur l'amnistie générale. Il faut attendre, peut-être, les prochaines semaines, lors d'une des sorties d'Ouyahia, pour comprendre la position définitive et sans ambiguïté de ce parti sur un des dossiers les plus sensibles. Le parti du Chef du gouvernement poursuit son offensive sur le terrain en attendant de faire sortir la grosse artillerie, autrement dit son patron, profitant de la situation interne du FLN, écartelé entre deux clans inconciliables et de la brouille qui a touché les antennes de son autre partenaire dans l'alliance présidentielle, le MSP en l'occurrence. Les deux partenaires du RND, n'ayant toujours pas trouvé les fréquences qui leur conviennent, laissent le parti d'Ouyahia jouer en solo sur le terrain. Les sorties synchronisées des responsables du RND cette semaine, Maghlaoui inspectant le chantier du métro d'Alger, Nouara Djaffar organisant une rencontre sur la révision du code de la famille, l'autre dossier délicat, et les conférences-débats à travers les wilayas renseignent sur l'ambition et le rôle que veut jouer le RND durant les prochains mois, voire les prochaines années. M. A. O.