Avec quatre Fennecs, Nass Mlah city II de Djaâfar Kacem a été la série la plus récompensée. Le temps d'une «sacrée» soirée pas tout à fait comme les autres, l'imposante bâtisse du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi s'est parée de toutes ses couleurs pour abriter, hier, dans une ambiance festive à laquelle se sont joints pêle-mêle, stars de télé, de cinéma, de théâtre, de musique, littérature... La deuxième nuit du Fennec d'or. Intempestivement, sous les flashs des photographes, les vingt-trois nominés, quittent les rutilantes Mercedes sous les yeux curieux des badauds agglutinés des barrières de sécurité, dressées autour de l'édifice, pour rejoindre, sur un tapis rouge à la hollywoodienne, une salle pleine à craquer. Au vestibule quelques crèmes passent furtivement, parmi une foule compacte. L'on voit Mohamed Lakhdar Hamina (Chronique des années de braise, Palme d'or au festival de Cannes en 1975), Khaled dont l'apparition a donné lieu à une montée d'adrénaline parmi le public, Salah Ougrout alias Souilah, vêtu d'un habit traditionnel digne d'un dignitaire chérifien, ne passe pas inaperçu au même titre que certains ministres, dont Khalida Toumi (ministre de la Culture) Boudjemaâ Haïchour (ministre de la Communication et de l'Information) et... surprise! L'inamovible Amar Tou (ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication) tiré, lui aussi, à quatre épingles. Tout ce beau monde s'est déplacé au square Port Saïd, malgré la nuit glaciale, pour prendre part à un événement-télé qui a mis sur la même ligne de compétition 11 programmes télévisuels : 8 séries et 3 téléfilms dont Le Joueur de feu Djamel Fezzaz, Nass Mlah City II de Djaâfar Kacem, Sabra de Ramdane...pour ne citer que ces trois productions. Des têtes et des statuettes Mohamed Rouane, soliste hors pair, muni de son mandole blanc donne le « la » par des airs tantôt targuis tantôt chaâbis, à une soirée que le président de la fondation du Fennec d'or, Hamraoui Habib Chawki, s'empresse de «baptiser» en la présentant comme un rendez-vous annuel dont l'unique fin est de contribuer à la relance tant souhaitée de la production aussi bien télévisuelle que cinématographique. Le compte à rebours commence, la salle et les nominés surtout retiennent leur souffle. Le choix des lauréats dans les neufs catégories sélectionnées a été tranché par la commission de jury présidée - une première - par une Tunisienne, Dora Bouchoucha, productrice. Du haut de l'estrade, Kaci Tizi Ouzou, écrasé par le poids de l'âge, se charge d'égrener les noms des gagnants. Le premier à avoir reçu son Fennec fut, dans la catégorie décor, Omar Hamouli pour le film Sabra. La salle à l'unanimité acclame ce technicien de talent nominé également pour la série Nass Mlah City II. Dans la catégorie de l'image et du son, c'est à Yacine Kendriche (L'ombre des roses) qu'échoit cette haute distinction ainsi que le duo Bebej Fateh et Benoît Valis (Nass Mlah City II) pour le meilleur montage. Bachir Sellami pour le même film a reçu, lui aussi, son Fennec d'or dans la catégorie de la meilleure image. Ave Souilah, chapeau Beyouna! Vint ensuite l'étape que tout le monde attendait. Celle de la meilleure interprétation masculine. Deux grosses pointures du petit et du grand écran se sont partagé le titre, mais chacun avec sa propre statuette dorée. Il s'agit comme il fallait s'y attendre de Salah Ougrtout plus connu sous le sobriquet de Souilah pour son rôle dans la série Ness Mlah City et Mohamed Adjaïmi pour sa prestation dans le feuilleton Le Joueur. Fidèle à son ironie, acclamé à tue-tête par un public en transes, Souilah «ne peut pas tenir son ventre», comme il le dit «C'est une lueur d'espoir, un parfum de civilisation», remarque-t-il, comme pour souligner l'importance que revêt ce rendez-vous pour le grand intérêt du cinéma algérien. Sa compagne dans la série de Djaâfar Kacem, Beyouna, a, elle aussi, partagé le titre de meilleure interprétation féminine avec la talentueuse Nawel Zaâtar pour son rôle dans le Joueur. Beyouna dont seule l'apparition provoque un délire quasi général, n'a pas manqué, dans son humour habituel, de rendre hommage aux grands noms, aujourd'hui disparus, qui ont fait les beaux jours du 7e art algérien. Parmi eux, elle cite Yahia Benmebrouk et Djamel Fezzaz. Et c'est à ce dernier, justement, que fut remis à titre posthume le plus prestigieux des Fennecs, celui de la meilleure réalisation. Un titre qu'il obtient pour la deuxième fois. Djamel Fezzaz disparu il y a quelques mois après une longue maladie, n'a pu hélas profiter du moment fort; sa 'en est chargée. Elle a rendu un vibrant hommage à ce grand monsieur qui ne cessait de répéter: «Dans ma vie je possède deux domiciles, celui de ma famille et celui du plateau de tournage.» Toute la salle s'est levée en signe de reconnaissance et de respect à cette immense artiste. Idem, pour le regretté L'apprenti (Yahia Benmebrouk) auquel un prix a été décerné à titre posthume et remis à son épouse. L'infatigable et immense comédien Sid Ali Kouiret a reçu le prix spécial du jury pour l'ensemble de son oeuvre cinématographique. Il y avait enfin le King Khaled avec son éternel sourire qui attendait, lui, la fin des récompenses pour faire des siennes en entonnant quelques chansons de son dernier album Rayi.