Le chef de l'état tient à chapeauter personnellement cette campagne, comme il l'a déjà fait en 1999 dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Selon des informations concordantes, l'on apprend que le président Abdelaziz Bouteflika entamera très prochainement, probablement juste après le Sommet arabe, une visite à travers le territoire national. Même si officiellement l'on ignore dans quel cadre sera inscrite cette tournée, il n'en demeure pas moins que certains observateurs avertis, la classent dans le cadre d'une campagne déjà entamée pour défendre un projet dont il est le principal instigateur, en l'occurrence la réconciliation nationale. Selon les mêmes sources, tout est fin prêt, le programme a été déjà tracé. Il comporterait près d'une trentaine de wilayas. Le président tient donc à chapeauter personnellement cette campagne, comme il l'a déjà fait en 1999 dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Même s'il est vrai que la conjoncture politique n'est plus la même, sachant que le président bénéficie en 2005 d'un large soutien au niveau de la classe politique avec notamment la naissance d'une alliance stratégique, composée de trois partis les plus influents sur la scène, le FLN, le MSP et le RND qui ne rate aucune occasion pour réaffirmer son allégeance au chef d'Etat, il est certain que Bouteflika est le mieux placé à même de défendre un concept dont il détient tous les secrets. En effet, les trois alliés stratégiques de Bouteflika, approchés par les journalistes à plusieurs occasions, ont dit et répété qu'ils ignorent tout des contours de ce projet. «C'est le projet du président», a déclaré dernièrement M.Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement et non moins SG du RND. Un détail qui ne semble les déranger aucunement. Mieux, les trois formations politiques sus-citées ont exprimé leur appui indéfectible à ce projet dont ils ignorent tout, pour reprendre leurs propos. Et ils ne sont pas les seuls, plusieurs associations et organisations sont entrées en scène pour soutenir cette démarche. Il faut noter «que le parachèvement de la réconciliation nationale», a été le point nodal du programme électoral du président Bouteflika. Le concept demeure flou. Les différentes interventions du président autour de cette question n'ont pas permis de lever une partie du voile ni d'éclairer l'opinion publique: «Ce projet va permettre à l'Algérie de se réconcilier avec elle-même, de relever les défis du nouveau siècle», avait déclaré le président dans ses différentes sorties. Comment et par quels moyens? Autant de questions soulevées par la classe politique et les associations des victimes du terrorisme, lesquelles exigent toute la vérité sur la décennie noire avant de tourner la page. Le président a évoqué quelques volets de cette réconciliation dans son programme électoral, tels que la lutte contre le crime organisé, le règlement définitif des séquelles des tragiques événements qui ont secoué la région de la Kabylie, la révision du code de la famille. «L'Etat s'engage aussi à poursuivre résolument son action dans le cadre de la loi contre la lutte du terrorisme.» Des pas ont été entrepris dans ce sens, depuis l'investiture deBouteflika à la plus haute magistrature du pays. Néanmoins, force est de constater que le volet relatif à l'amnistie générale, l'épine dorsale de cette politique réconciliatrice, est le principal point qui demeure l'objet de toutes les controverses et toutes les polémiques. En quoi consiste cette loi? Quelles sont les catégories qu'elle va toucher? Le président détient l'exclusivité du sujet. Le 2 décembre 2004, dans un discours prononcé à l'ouverture du 10e congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), le chef de l'Etat est sorti de sa réserve pour affirmer que «l'amnistie générale est le droit du peuple algérien», une réponse à certains cercles qui se sont déclarés contre cette démarche amnistiante. M.Bouteflika a ajouté que «le peuple algérien se doit d'éviter l'affrontement et de réaliser l'unité nationale, afin de parachever la construction nationale». L'on n'en saura pas davantage sur cette question. La mise au point de Bouteflika aura servi néanmoins à confirmer sa détermination à ne pas reculer sur cette question. Une détermination qui sera réaffirmée à l'occasion de la tournée qu'il compte entreprendre sur le terrain.