Selon Mme Bouhired, un conseil des ministres devait être consacré à la sauvegarde de la vieille cité. A quel saint faut-il se vouer pour qu'un jour l'on daigne prendre en charge, et de façon définitive, le sempiternel casse-tête qu'est la sauvegarde de la Casbah? Un patrimoine pourtant unique que les pouvoirs publics continuent, à ce jour, et en dépit de toutes les sollicitudes et les doléances exprimées ici et là, à minimiser - à tort bien sûr- toute la portée aussi bien historique, civilisationnelle que touristique. Hier, au centre de presse Mohamed Abderrahmani d'El Moudjahid à Alger, s'est réuni sous la houlette de la fondation Casbah, tout l'état-major du mouvement associatif de la vieille Médina à la veille de la célébration, aujourd'hui 23 février, de la journée nationale de la Casbah. L'occasion, sans doute, pour le président de la fondation de dresser l'état des lieux des actions entreprises par l'organisme qu'il patronne, visant la sauvegarde de ce haut lieu patrimonial qui regroupe quelque 60.000 familles dans 1.700 habitations représentant, en tout, une superficie de 40 hectares. Bien que certaines démarches, reconnaît Ali Mebtouche, aient, dans le passé, porté leurs fruits sur le terrain tels que l'aide financière de 60 millions de dinars assurée par le ministère des Finances via la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance, beaucoup de choses voire l'essentiel restent à faire dont le déplacement des familles vers d'autres lieux d'habitation. L'opération inscrite dans le cadre de la réhabilitation après déplacement, du vieux bâti, qui avait permis en 1998 d'évacuer un îlot - la Casbah en compte cinq - de 489 familles, soit 150 habitations, s'est estompée en raison, explique M.Mebtouche, de la dissolution du gouvernorat du Grand-Alger, initiateur du projet. «Justement c'est notamment à cause de l'instabilité administrative traduite par les incessantes successions à la tête des organismes locaux que les différents plans de sauvegarde ont échoué», explique le président de la fondation aux yeux de qui seule la volonté politique et l'engagement du gouvernement sont à même d'aboutir aux objectifs escomptés. Sur un autre chapitre M.Mebtouche regrette la manière inappropriée voire anarchique avec laquelle sont menés les travaux de réhabilitation de certains vieux palais, à l'image de Dar El Hamra. D'autres habitations sont, selon lui, occupées par l'administration. Chose qui rendra de plus en plus difficile la mise en oeuvre des plans de sauvegarde. Il appelle toutefois à la réhabilitation des maisons historiques. Celles qui ont vu passer les grands résistants de la guerre de Libération nationale dont, cite-t-il, Ali la Pointe. Houria Bouhired, députée et présidente de l'association Sauvons la Casbah ne parle pas tout à fait le même langage. Pour situer les raisons de l'échec des tentatives menées depuis l'indépendance, elle met en avant «l'absence de clarté» du dispositif régissant la propriété des biens. Soit l'inadaptation du dispositif légal et réglementaire de l'usage des biens immobiliers et fonciers. Un problème qui nécessite, selon elle, l'intervention directe du gouvernement par le biais d'un nouveau texte de loi qui aura pour but de redéfinir la relation entre le propriétaire et le locataire. Elle rappelle en outre qu'un conseil des ministres réservé exclusivement à la question de la sauvegarde de la Casbah devait dans le passé avoir lieu mais qui ne s'est pas à ce jour réuni. Mme Bouhired s'est toutefois félicitée de voir le problème des ordures qui auparavant empestaient la vieille cité, résolu grâce aux efforts de quelque 1200 travailleurs qui ont pu évacuer une quantité de 30.000 mètres cubes de gravats. L'oratrice a salué également les efforts des autorités locales pour le confortement, après le séisme du 21 mai 2003, de quelque 1000 habitations traditionnelles et coloniales. Une vaste entreprise qui a nécessité une enveloppe de 2 milliards de dinars.