La Casbah souffre de l'absence d'une stratégie de sauvegarde. Apparemment, l'opération de restauration de la Casbah d'Alger est renvoyée à la saint glin-glin. Les travaux de réfection, devant initialement démarrer en 1988, sont toujours à la case départ. Certains n'hésitent pas à affirmer que ce retard est dû principalement à des lenteurs administratives, voire bureaucratiques. D'autres croient que la magouille a fini par avoir raison de ce projet. Intervenant hier lors du forum organisé par la radio El Bahdja, la présidente de l'association Sauvons la Casbah, Mme Houria Bouhired, n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme quant à l'état déplorable où est plongée la vieille cité, pourtant classée par l'Unesco patrimoine mondial en 1992. Depuis cette date, l'organisation onusienne dégage, chaque cinq ans, une enveloppe budgétaire pour l'entretien de la Casbah. Néanmoins, à nos jours, rien n'a été fait pour sauver cette cité. «On ne peut pas entamer les travaux de restauration de la Casbah sans évacuer ses habitants. Cette opération constitue un véritable danger pour la population», a souligné la conférencière. Celle-ci n'a pas manqué de signaler que plusieurs assiettes foncières ont été dégagées pour la construction de 800 logements dans la localité de Mahelma pour les habitants de la Casbah. «L'assiette foncière a été cédée à 150DA le m². Néanmoins, avec le changement de l'entreprise qui devait s'occuper de la construction de ces logements, l'assiette foncière a été revendue à 3500 dinars le m²», a-t-elle déploré. Le même problème s'est produit sur les sites de Bachdjarrah, Dergana et Aïn Allah. Selon la conférencière, ces programmes étaient destinés principalement aux habitants de la Casbah. Toutefois, ces logements sociaux ont été construits sans pour autant que les concernés n'en bénéficient. Suivant le même ordre d'idées, le président de l'APC de la Casbah, M.Staïli Ahmed, a indiqué qu'actuellement, il y a près de 2336 dossiers de demande de logement en instance. Sur ce nombre, seulement 1700 ont été étudiés. Et sur l'ensemble de ces demandeurs, 100 souscripteurs uniquement en bénéficieront. Prenant part à ce forum, M.Belgharbi, architecte, a indiqué, de son côté que le problème dont souffre la Casbah d'Alger est l'absence d'une stratégie de sauvegarde de la vieille cité. «Depuis qu'on nous parle de la restauration de cette ville, on ne cesse de tourner en rond. Rien n'a été fait en dépit de toutes les promesses qu'on ne cesse de nous abreuver», a déploré M.Belgharbi. Il convient de souligner, par ailleurs, que l'opération de restauration des bâtisses de la Casbah, du moins les quelques-unes qui en ont bénéficiée, est d'une piètre qualité. Quelques bâtisses ont été même confiées à des jeunes promoteurs. Ces derniers procèdent à l'opération de restauration sans pour autant prendre en considération les normes architecturales sur la base desquelles ont été édifiées ces habitations.