Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que la lettre du président Bouteflika au roi du Maroc «montre clairement» la volonté de l'Algérie de coopérer avec le voisin de l'Ouest «dans tous les domaines». Les relations algéro-marocaines ont depuis des années été sujettes à des tiraillements parfois très violents. Des accusations mutuelles sont régulièrement échangées par médias interposés. Néanmoins, il faut reconnaître qu'au niveau officiel, le «Smig» d'entente n'a jamais fait défaut. Connaissant des hauts et des bas, les relations entre les deux pays ont pu se maintenir et les échanges, bien que minimes, n'ont jamais été rompus également, et ce dans «tous les domaines». Cette situation, fragile certes, est néanmoins appelée à être consolidée dans les mois et les années à venir. C'est du moins ce qu'ont exprimé les deux pays à travers des déclarations officielles. «Nous aspirons à renouveler l'engagement et la solidarité entre les deux peuples, algérien et marocain, pour continuer à travailler ensemble sur les questions maghrébines et arabes»,a déclaré Mohammed VI au lendemain de la réception, de la part de Bouteflika, d'un message appelant au renforcement des relations entre les deux pays en vue d'avancer ensemble sur le chemin «du progrès et de la prospérité». Ces deux déclarations, vites relayées par les médias des deux pays, ont été très positivement commentées par Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. En marge d'une cérémonie de commémoration de la Journée nationale du moudjahid qui coïncide avec le double anniversaire de l'offensive du Nord Constantinois (20 Août 1955) et du congrès de la Soummam (20 Août 1956), le chef de la diplompatie algérienne a affirmé que la lettre du président Abdelaziz Bouteflika au roi du Maroc «montre clairement» la volonté de l'Algérie de coopérer avec le voisin de l'Ouest «dans tous les domaines».Ainsi, le mot d'ordre étant lancé des deux côtés, il est attendu que le Maroc et l'Algérie revoient leur copie et établissent un nouvel agenda pour consolider leurs relations et définir les secteurs stratégiques dans lesquels ils pourraient coopérer. Du côté des opérateurs économiques aussi, des initiatives communes sont attendues, et ce d'autant plus que les messages de Bouteflika et de Mohammed VI interviennent à une date hautement symbolique, ce qui est évocateur de la volonté politique des deux pays de se «réconcilier», et dans des conjonctures économiques difficiles, ce qui rappelle la nécessité impérieuse d'une coopération poussée entre les deux pays. A ce propos, il n'est pas inutile de rappeler que, en sus des échanges diplomatiques, l'Algérie est le premier partenaire économique africain du Maroc, à l'import comme à l'export. En effet, selon une analyse produite par le think tank marocain, OCP Policy Center, l'Algérie a été le premier client africain du Maroc en 2014, en absorbant 40.4% de ses exportations vers les marchés africains avec, en deuxième position la Mauritanie, avec 18.2% des exportations marocains et le Sénégal, en troisième position, avec 14.5% des exportations marocaines. A l'import, ajoute la même source, «l'Algérie a été le premier fournisseur africain du Maroc, en assurant 63.1% des importations africaines du Maroc. L'Egypte occupe la deuxième place avec 26% des importations marocaines et la Tunisie arrive 3e avec 9.8%.». Néanmoins, malgé que l'Algérie et le Maroc soient des partenaires privilégiés à l'échelle du continent, le volume des échanges reste relativement faible, compte tenu de leurs potentialités. Selon des experts en phase avec le dossier, les échanges algéro-marocains peuvent se multiplier par 10 en l'espace de deux ans, ce qui est de nature à dynamiser les économies de deux pays de manière pas du tout négligeable. La nécessité économique va-t-elle donc réussir à réconcilier le Maroc et l'Algérie?