Le «palais du roi Behanzin Kondo», 11ème roi du Dahomey (actuel Bénin), qui a séjourné à Blida durant son assignation à résidence par l'administration coloniale française de 1894 jusqu'à sa mort en 1906, reste le plus important édifice des «Douirette», un vieux quartier de la ville fondé au XVIe siècle. Après le rapatriement des ossements du roi en 1928, ce palais a connu des changements dans ses structures et son architecture, qui ont irrémédiablement défiguré son cachet typiquement ottoman. Achetée depuis de longues années par un homme d'affaires de la région, cette demeure s'est agrandie de deux étages supplémentaires, construits à l'aide de matériaux inadaptés, sans aucun respect pour l'architecture originelle. Envahie par une végétation abondante, cette demeure quasi abandonnée, située à l'écart des Douirette, tout en étant une partie intégrante, est aujourd'hui inaccessible aux visiteurs. Le «palais du roi du Dahomey» se compose d'une résidence de 400m2 entourée de terres agricoles, soit une superficie totale de plus de 10.000m2. Il reçoit souvent des délégations officielles ou d'étudiants du Bénin. Le dernier passage d'une de ces délégations remonte à 2015, à la faveur de la visite d'Etat du président béninois Thomas Boni Yayi, en Algérie. En 2008, la résidence a été saisie et vendue aux enchères à l'établissement bancaire «El Baraka», affirme le responsable du service du patrimoine à la direction de la culture de Blida, Mourad Messika, qui précise que cette dernière s'est «opposée» à la vente et reste en contact avec le ministère de la Culture pour «trouver une solution permettant la préservation de ce bien» patrimonial. Pour sa part, le directeur de la banque, Miloud Chaïli, explique que le domaine a été revendu en 2015 à «Dar El Baraka», une filiale de promotion immobilière de la banque et qu' «aucune partie n'a émis des réserves» sur la transaction. L'acquéreur, qui a demandé un permis de construire auprès de la wilaya de Blida, a toutefois «essuyé le refus des autorités publiques», nuance-t-il. Le directeur du patrimoine au ministère de la Culture, Mourad Bouteflika, a précisé de son côté que l'édifice n'était pas protégé: «Il n'est ni classé bien culturel ni porté sur la liste indicative» des biens culturels. Il affirme que le ministère de la Culture «a (pour le moment) d'autres priorités plus urgentes».