Le Tinziren C'est la huitième acquisition d'un programme qui prévoit un total de 25 navires, dont 18 cargos. «Tinziren»: c'est cette petite merveille que s'est «offert» la Cnan. D'une capacité de 12 000 tonnes, équipée de technologies sophistiquées et dotée d'une dernière génération de motorisation, elle a coûté la bagatelle de 25 millions de dollars. C'est la huitième acquisition d'un programme qui prévoit un total de 25 navires, dont 18 cargos pour la filiale Cnan Nord et sept navires pour Cnan Med. L'information était déjà dans l'air. «Ces acquisitions permettront d'assurer, dans un premier temps, le transport de 30% du fret, par rapport aux 3% assurés, pendant de longues années, par les rares navires algériens encore en activité», vestiges des 80 dont disposait le pays au courant des années 1990 et «arriver à long terme à dépasser les 80%» avait annoncé, il y a six mois, un conseiller du ministère des Transports, Mustapha Naci, sur les ondes de la Chaîne III. Le processus est vraisemblablement en marche. «L'objectif du secteur est que le transport de la marchandise algérienne soit assuré par la flotte nationale» a déclaré, hier, lors de la cérémonie de réception le ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjema Talai qui a indiqué que «le coût annuel du transport maritime de la marchandise algérienne s'élève à 1,6 milliard de dollars». Le but de son département consiste à augmenter la part de la flotte algérienne dans l'activité de transport maritime de marchandises à 30% d'ici 2020. «Dans ce cadre, des partenariats «public-privé» peuvent être envisagés pour la création de nouvelles entreprises afin de renforcer la flotte nationale», a fait savoir le successeur d'Amar Ghoul. Cette opération consiste à reconstituer et à bâtir une flotte nationale qui a coulé au point où le transport des marchandises par voie maritime est devenu un fardeau pour la trésorerie du pays. L'Algérie débourse pas moins de 4 milliards de dollars par an pour assurer le transport de ses marchandises par voie maritime. «4 milliards de dollars profitent aux armateurs étrangers. Soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies battant pavillon étranger», avait révélé, le 21 février 2016, Mustapha Naci. Une saignée à l'heure où le baril de pétrole, qui assure plus de 95% des recettes en devises du pays, évolue largement en dessous des 50 dollars. Une somme rondelette par les temps qui courent et qui vient s'additionner à la facture salée de ces importations, qui a atteint les 51,5 milliards de dollars à la fin de l'année 2015 alors que le chef de l'Etat a appelé à maintes reprises à la rationalisation des dépenses. Une coquetterie dont l'Algérie se serait volontiers bien passée si les responsables de ce secteur s'étaient donné la peine de doter le pays d'une flotte digne de ce nom à défaut de préserver celle déjà existante dont le nombre s'élevait à 79 unités jusqu'au milieu des années 1990. La flotte nationale a, semble-t-il, fait naufrage sans avoir eu à affronter de véritable tempête ni de titanesques vagues en furie. Une marque de fabrique algérienne. Un tour de passe-passe qui méritait sans doute mieux que de se limiter à livrer de pitoyables chiffres promettant l'embellie pour un avenir sans cesse prometteur. Témoignage d'une gestion catastrophique d'un secteur stratégique de l'économie où se sont greffés des épiphénomènes. Pots-de-vins, corruption...Ce qui conduirait à penser que sa destruction a été programmée, sans état d'âme. Les navires qui demeurent opérationnels se comptent pratiquement sur «les doigts de deux mains» à peine, alors que dans les années 1980, pas moins de 80 unités constituaient l'ensemble d'une flotte qui semblait destinée à un bel avenir. Les navires battant pavillon national sillonnaient les mers et les océans du monde comme des ambassadeurs chargés de témoigner avec fierté de la volonté du pays sorti d'à peine une vingtaine d'années, d'une colonisation sans pitié, à jouer dans la cour des grands. Avec ce programme ambitieux que s'est tracé le ministère des Transports, le phénix peut renaître de ses cendres. Il apportera sa petite pierre à l'édifice pour la construction de ce nouveau modèle de croissance économique que prône le gouvernement pour que l'économie nationale s'affranchisse de sa dépendance aux exportations d'hydrocarbures. Le rêve est permis.