La flotte nationale a fait naufrage sans avoir eu à affronter de véritable tempête ni de titanesques vagues en furie. «4 milliards de dollars profitent aux armateurs étrangers. Soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies battant pavillon étranger», a révélé, hier, le conseiller du ministère des Transports, Mustapha Naci, sur les ondes de la Chaîne 3. Il y a certainement anguille sous roche. L'Algérie débourse 4 milliards de dollars par an pour assurer le transport de ses marchandises par voie maritime. «4 milliards de dollars profitent aux armateurs étrangers. Soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies battant pavillon étranger», a révélé, hier, un conseiller du ministère des Transports, Mustapha Naci, sur les ondes de la Chaîne 3. Une saignée à l'heure où le baril de pétrole, qui assure plus de 95% des recettes en devises du pays, s'affiche à peine au-dessus des 30 dollars. Une somme rondelette par les temps qui courent et qui vient s'additionner à la facture salée de ces importations, qui a atteint les 51,5 milliards de dollars à la fin de l'année 2015 alors que le chef de l'Etat a appelé à maintes reprises à la rationalisation des dépenses. Une coquetterie dont l'Algérie se serait volontiers bien passée si les responsables de ce secteur s'étaient donné la peine de doter le pays d'une flotte digne de ce nom ou, à la rigueur, préserver celle déjà existante. Elle s'élevait à 79 unités jusqu'au milieu des années 1990, nous dit-on. Le conseiller du ministère des Transports, Mustapha Naci, veut nous rassurer. Elle va prochainement renaître de ses cendres. Son département doit faire l'acquisition de 25 navires de transport de marchandises dont six ont été réceptionnés. L'opération sera finalisée au plus tard en 2020. «Ces acquisitions permettront d'assurer, dans un premier temps, le transport de 30% du fret, par rapport aux 3% assurés, pendant de longues années, par les rares navires algériens encore en activité», vestiges des 80 dont disposait le pays au courant des années 1990 et «arriver à long terme à dépasser les 80%», a indiqué l'invité de la Radio nationale. La flotte nationale a, semble-t-il, fait naufrage sans avoir eu à affronter de véritable tempête ni de titanesques vagues en furie. Une marque de fabrique algérienne. Un tour de passe-passe qui méritait sans doute mieux que de se limiter à livrer de pitoyables chiffres promettant l'embellie pour un avenir sans cesse prometteur. Témoignage d'une gestion catastrophique d'un secteur stratégique de l'économie où se sont greffés des épiphénomènes. Ce qui conduirait à penser que sa destruction a été programmée, sans état d'âme, pour des desseins inavoués: faire la part belle aux pots-de-vin, à la corruption? Un business juteux qui est devenu un sport national. Le secteur y est propice comme tant d'autres, lorsqu'il y a à boire et à manger. Les navires qui demeurent opérationnels se comptent pratiquement sur les doigts d'une seule main alors que dans les années 1980, pas moins de 80 unités constituaient l'ensemble d'une flotte qui semblait destinée à un bel avenir. Les navires battant pavillon national sillonnaient les mers et les océans du monde comme des ambassadeurs chargés de témoigner avec fierté de la volonté du pays sorti d'à peine une vingtaine d'années, d'une colonisation sans pitié, à jouer dans la cour des grands. L'espoir était permis. La flamme de Novembre brillait encore dans les coeurs avant que tout ne bascule. La décennie noire comme un tsunami a failli tout emporter sur son passage. C'est de cette époque que date le début du naufrage de la flotte nationale. Une époque qui a fait le lit de certaines grosses fortunes et réservé la part belle à la médiocrité et à la promotion de la gestion approximative où se sont confondus biens publics et intérêts personnels. Des entreprises ont disparu, presque de la même manière qu'elles ont signé leur acte de naissance. Le secteur maritime du transport de marchandises leur a emboîté le pas. La flotte algérienne a baissé pavillon...