La photo a fait le buzz et indigné des milliers d'internautes La France où vit la plus importante communauté musulmane d'Europe (5 millions de personnes), a déjà interdit le voile musulman à l'école depuis 2004 et le voile intégral dans l'espace public depuis 2011. La polémique qui fait grand bruit en France autour du port fustigé du burkini a engendré une vague d'indignation en...Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et même en Australie, de quoi faire sauter au plafond les kangourous. Dans les pays du Maghreb, il s'agit d'un non-événement car les populations ont d'autres chats à fouetter (que la SPA nous excuse pour cette expression galvaudée), leurs pays étant confrontés, de l'Atlantique à la mer Rouge, aux conséquences d'une crise économique encore à ses balbutiements. Depuis que plusieurs communes de la côte d'Azur ont décidé de bannir de leurs plages les tenues jugées provocatrices pour la laïcité, le débat s'est enflammé au point que les partisans et les adversaires de cette mesure se livrent à des empoignades surprenantes par leur virulence et leur argumentaire. Validés à deux reprises par les tribunaux, les arrêtés controversés font d'ailleurs l'objet d'un recours devant la plus haute instance administrative du pays, le Conseil d'Etat, qui doit se prononcer aujourd'hui-même sur leur légalité. La France où vit la plus importante communauté musulmane d'Europe (5 millions de personnes), a déjà interdit le voile musulman à l'école depuis 2004 et le voile intégral dans l'espace public depuis 2011. Les attentats terroristes qui ont ébranlé le pays tel que celui de novembre 2015, revendiqué comme plusieurs au-tres par l'organisation autoproclamée Etat islamique, ont lourdement pesé sur le climat d'opprobre qui cible cette communauté, au premier rang de laquelle figure pour des raisons historiques évidentes, la communauté d'origine algérienne. L'instance représentative des musulmans de France ne pouvait, de ce fait, demeurer passive et elle a exprimé son inquiétude quant à la «la tournure prise par le débat public» autour de l'interdiction du burkini, demandant à être «reçue en urgence» hier par le gouvernement. «Devant la peur grandissante de la stigmatisation des musulmans de France», le Conseil français du culte musulman (Cfcm) a sollicité une «audience d'urgence» avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, a annoncé son président Anouar Kbibech. Le ministre, ont indiqué aussitôt ses services, a «accepté» de recevoir les représentants musulmans. Une rencontre qui ressemble à un coup d'épée dans l'eau car les objectifs des uns ne sont pas forcément ceux des autres. A minima, l'on se contentera sûrement d'une déclaration appelant, dans le contexte critique que connaît la France depuis les attentats, «à la sagesse et à la responsabilité de chacun». C'est en tout cas ce qu'a exprimé, avant la rencontre, le président du Cfcm qui considère que le pays «a besoin d'actes d'apaisement et de tolérance» au lieu des actes de défiance et de stigmatisation dont tirent un profit grandissant un parti d'extrême droite et ses émules «républicains». Ces derniers ont beau jeu de surfer sur le climat de peur et d'opprobre qui affecte des Français de plus en plus nom-breux à s'interroger sur l'identité de leur pays. Au point que des hommes irréprochables au plan de l'humanisme et de l'intégrité politique, une chose rare s'il en est, comme Jean-Pierre Chevènement, en sont venus à «conseiller» aux musulmans un surcroît de «discrétion». Un comble puisqu'au nom de la laïcité, la même recommandation pourrait être faite aux représentants d'autres cultes qui arborent, certes moins ostensiblement que naguère, les attributs de leur foi. Ce discours agit comme une épée de Damoclès sur une communauté habituée, depuis longtemps déjà, à courber l'échine et à raser les murs de la Métropole, au point d'indigner même la «perfide Albion»! Mais à trop crier au loup, on sait à quoi la fable risque d'aboutir. Tous ces faux débats ne sont qu'une stratégie politicienne, dans un contexte de crise patente, et nourrissent à l'envi les tenants du discours xénophobe et raciste. Bien sûr, on est tenté de rappeler aux adeptes du burkini le sage conseil des philosophes de l'Antiquité: «A Rome, fais comme les Romains!» Sauf que les policiers municipaux qui ont contraint une femme musulmane à se dévêtir sur une plage de Cannes ne mesureront jamais l'impact réel de leur acte. Jadis, leurs collègues sévissaient, peut-être même sur cette plage, contre les femmes «trop dénudées». Autres temps, autres moeurs. La politique est-elle devenue un instrument de la mode ou vice versa? Au pays de la défunte «Déclaration des droits de l'homme», il semble que l'on s'interroge.