Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé vendredi les responsables des mosquées de France à ouvrir samedi et dimanche leurs portes au grand public pour "un thé de la fraternité". Ce weekend "mosquées ouvertes" aura lieu les 9 et 10 janvier, dans la continuité des commémorations des attentats de janvier 2015. L'instance représentative du culte musulman en France a voulu marquer, par cette initiative, l'anniversaire des attentats, en janvier 2015, contre Charlie Hebdo et l'hyper cacher, afin de montrer, selon son président, Anouar Kbibech, "le vrai visage de l'islam de France, celui de la paix et de la tolérance". Il a averti que l'objectif "n'est pas de réunir 100 % des mosquées, mais que cela concerne l'ensemble du territoire national sur un week-end". La Grande-Mosquée de Paris accueillera dimanche le public dans le cadre des "Journées portes ouvertes des mosquées de France" et du "Thé de la fraternité" pour "marquer notre engament à tous de renforcer notre unité nationale". Un communiqué de cette institution, "symbole de paix et de fraternité", a rappelé que la mosquée de Paris "a toujours été ouverte au public depuis son inauguration en 1926 (sauf le vendredi)", soulignant qu'en s'associant à cette journée nationale, "l'institution emblématique de l'islam de France entend manifester la solidarité, la peine, le chagrin en ces heures sombres que nous traversons tous en commun, musulmans, juifs, chrétiens, protestants et toutes les religions". En mai 2015, la mosquée de Besançon avait tenté l'expérience et souhaitait la renouveler dès l'année suivante. La même initiative a été prise, au lendemain des attentats terroristes du 13 novembre qui ont fait à Paris 130 morts, par la mosquée du Havre qui a permis à de nombreux Havrais de visiter pour la première fois un lieu de culte musulman. Selon le CFCM, les personnes qui viendront "pourront poser toutes les questions qu'elles souhaitent, même les plus taboues, sur notre religion, la manière de faire la prière, autour d'un thé et de pâtisseries", précisant que le but de cette action est "d'initier un dialogue pour mieux se connaître et casser la méfiance". Ce "thé de la fraternité" prendra diverses formes : partage de boissons chaudes et de pâtisseries, visites guidées, débats, ateliers de calligraphie, invitation à assister aux cinq prières quotidiennes", explique la même source. Il y a une quinzaine de jours, rappelle-t-on, une mosquée à Ajaccio (Corse) a été saccagée par des manifestants dans une descente punitive en réaction à l'agression de deux pompiers et d'un policier. Des exemplaires de Coran avaient alors été jetés et certains brûlés sous les cris de certains manifestants : "Arabi fora" (les arabes dehors). Plusieurs autres actes islamophobes ont été commis ces dernières années et, au cours de l'année 2015, les chiffres ont augmenté. Alors qu'ils avaient baissé de 41 % entre 2013 et 2014, le premier trimestre de 2015 a enregistré 222 actes (près du double du nombre de 2014). Dans les 12 jours qui ont suivi les attentats de janvier 2015, la police et la gendarmerie ont enregistré 128 actes antimusulmans, des chiffres qui ne tiennent pas compte de la région de l'Ile de France (Paris et sa couronne), selon le CFCM. Les actes islamophobes, recensés par des organisations comme le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), créé en 2003 en réaction à l'islamophobie rampante qui gagnait le territoire français, et le ministère de l'Intérieur, comprennent tous types d'agressions, qu'elles soient physiques ou verbales, qu'il s'agisse de discrimination ou de profanation, ou encore de propos publics.