Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a salué hier l'implication de la Turquie dans la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, mais mis en garde contre «une éventuelle tentation» d'Ankara de «traiter» la question kurde dans ce pays. «C'est une bonne chose que la Turquie s'implique franchement dans la lutte contre Daesh (EI), qui la frappe durement», a déclaré M. Ayrault dans une interview au quotidien Le Monde. «Il est aussi légitime que la Turquie assure la sécurité de sa frontière. Mais attention à l'engrenage de la violence et à une éventuelle tentation de vouloir traiter en Syrie une partie de la question kurde», a-t-il averti. L'armée turque a lancé mercredi l'opération «Bouclier de l'Euphrate» sur le territoire syrien visant à la fois à chasser l'EI de la zone et à contrer l'avancée des milices kurdes, désireuses selon elle de former un corridor le long de la frontière. Ankara considère les forces kurdes en Syrie comme une émanation du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), organisation «terroriste» en Turquie. Selon des experts, l'intervention de la Turquie en Syrie vise à éviter la création d'un «Kurdistan autonome syrien». «Nous condamnons le PKK et les attentats qu'il commet en Turquie», a déclaré M. Ayrault. Mais «en Syrie, des forces militaires kurdes combattent Daesh efficacement», a-t-il souligné. Les forces kurdes en Syrie sont soutenues par les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, qui les considèrent comme les meilleurs combattants contre les jihadistes. M. Ayrault a par ailleurs exhorté Moscou à condamner le régime de Damas à l'ONU et à «arrêter de bombarder» en Syrie pour soutenir les forces du régime. Une enquête de l'ONU a conclu cette semaine que le régime était responsable de deux attaques à l'arme chimique en 2014 et 2015, et les Occidentaux souhaitent une résolution du Conseil de sécurité pour sanctionner les responsables. L'EI a également été mis en cause pour une attaque, dans ce rapport.