Le vice-Premier ministre turc Yalcin Akdogan a affirmé que la progression du YPG à l'ouest de l'Euphrate en Syrie constituait «une ligne rouge» pour Ankara. Le gouvernement syrien a condamné hier les bombardements turcs qui visent depuis samedi des secteurs principalement contrôlés par les forces kurdes dans la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, appelant les Nations unies à agir, rapportent les médias syriens. «Le ministère des Affaires étrangères condamne les crimes et les attaques répétés de la Turquie à l'encontre du peuple syrien et l'intégrité territoriale de la Syrie», a indiqué l'agence Sana. Le ministère appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à «mettre un terme aux crimes du régime turc». Washington, qui a demandé samedi soir à Ankara de cesser ses bombardements, compte de plus en plus sur les combattants kurdes syriens pour s'opposer au groupe Etat islamique. Cependant, la Turquie qui considère le PYD et son bras armé, le YPG, comme des organisations «terroristes», étroitement liées aux rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ne semble pas prête à tempérer son ardeur. Ainsi, l'armée turque a bombardé hier, pour la deuxième journée consécutive, des positions des combattants kurdes en territoire syrien, en riposte à des tirs provenant de ces positions, a annoncé hier l'agence Anatolie. Des positions du Parti kurde de l'union démocratique (PYD) aux alentours de la ville syrienne d'Azaz, dans la province d'Alep, ont été bombardées au mortier depuis le côté turc de la frontière, a précisé l'agence. Damas a aussitôt condamné les bombardements turcs sur le nord de la Syrie qui se poursuivaient pour la deuxième journée consécutive et demandé à l'ONU d'intervenir. L'agence Anatolie n'a pas fourni plus de détails mais des sources militaires citées par les médias turcs ont indiqué que les tirs avaient commencé à 07H00 GMT. Selon les médias turcs, les bombardements étaient clairement audibles au passager frontalier proche de la ville turque de Kilis. La chaîne NTV a annoncé que les forces turques avaient en outre capturé trois membres présumés du PYD à Kilis, sans autres détails. Ankara s'est alarmé de la progression des forces kurdes vers l'ouest, le long de la frontière syrienne, vers la ville d'Azaz. Le vice-Premier ministre turc Yalcin Akdogan a affirmé que la progression du YPG à l'ouest de l'Euphrate en Syrie constituait «une ligne rouge» pour Ankara. Dès samedi, les Etats-Unis ont exhorté la Turquie à cesser ses tirs d'artillerie visant des forces kurdes syriens et celles de l'armée syrienne, dans le nord de ce pays en guerre. «Nous avons pressé les Kurdes syriens et d'autres forces affiliées aux YPG (les Unités de protection du peuple kurde liées au PYD, le Parti kurde de l'union démocratique, Ndlr) à ne pas profiter de la confusion en s'emparant de nouveaux territoires. Nous avons aussi vu des informations concernant des tirs d'artillerie depuis le côté turc de la frontière et avons exhorté la Turquie à cesser ces tirs», a protesté le porte-parole du département d'Etat, John Kirby. Il réagissait à des informations de l'agence Anatolie annonçant que l'armée turque avait frappé samedi des cibles du PYD et du régime syrien dans deux incidents séparés. «Nous sommes inquiets de la situation au nord d'Alep et nous nous efforçons de faire baisser les tensions de tous les côtés», a assuré M. Kirby, à Munich avec son ministre des Affaires étrangères John Kerry pour une conférence consacrée à la guerre en Syrie qui a abouti jeudi soir à un accord international en vue d'une «cessation des hostilités» en Syrie d'ici une semaine. «La Turquie et le YPG partagent la même menace posée par l'EI», le groupe jihadiste Etat islamique, a souligné M. Kirby. Washington est dans une situation inconfortable car il est allié d'Ankara au sein de l'Otan et de la coalition internationale contre l'EI, mais il soutient dans le même temps les Kurdes syriens dans leur lutte contre les jihadistes dans le nord de la Syrie.