Les prix sont en train d'atteindre des records Les préparatifs de l'Aïd El Kebir ont été enclenchés, on n'hésite pas à sacrifier une journée à la mer pour se rendre dans les chaudes villes des Hauts-Plateaux afin d'acheter son mouton avant la grande flambée... Le parasol commence à être rangé pour laisser place aux...moutons! En effet, les grandes vacances d'été ne sont pas encore finies, que les Algériens ont l'esprit déjà occupé par autre chose, à savoir l'Aïd El Adha. Il faut dire que, même si on ne s'en rend pas trop compte, cette fête religieuse est dans à peine 15 jours. Les préparatifs de l'Aïd El Kebir ont donc été enclenchés et la star du moment est le fameux mouton. «On essaye d'anticiper les choses en achetant à l'avance notre mouton pour l'avoir à un prix raisonnable», confie Djaâfar, un père de famille, qui avec des amis, ont «sacrifié» une journée de vacances à la mer pour se rendre à l'intérieur du pays. Ils ont pris plus exactement la direction de la «Mecque» des moutons, la ville de Djelfa, dans les Haut-Plateaux. Il faut dire qu'au Nord, particulièrement à Alger, chez les rares vendeurs qui ont exposé leur marchandise, le prix du mouton de l'Aïd grimpe à la même vitesse que le mercure de ce caniculaire mois d'août. Les prix sont en train d'atteindre des records inégalés, saignant un peu plus le portefeuille des foyers déjà affaibli par la rentrée scolaire et les dépenses y afférentes. C'est la rareté du produit qui est en train de pousser ses prix vers le haut. Les vendeurs de moutons, qui ne sont dans la majorité des cas que des intermédiaires et non les éleveurs eux-mêmes, jouent aux spéculateurs. Ils cachent leur marchandise jusqu'à l'approche de l'Aïd pour profiter de la précipitation et créer une certaine tension. Tout est prêt pour qu'ils dictent les prix qu'ils veulent sans avoir peur de ne pas vendre leur marchandise. C'est dans ce sens que les marchés anarchiques de bétail auquel on nous a habitués à chaque coin de rue de nos villes ne sont pas encore visibles. Djelfa, «LA» destination du moment! Néanmoins, il y a les petits malins comme Djaâfar qui préfèrent faire quelques centaines de km pour gagner quelques milliers de dinars. Car, jusqu'à maintenant, la bête du sacrifice a des prix «bas» au niveau des marchés hebdomadaires de bétail à Djelfa. Cette dernière est le théâtre d'une activité commerciale précoce, mais faite d'une quête effrénée pour l'acquisition de bêtes pour la fête du Sacrifice, aiguisée, il est vrai, par une importante offre de moutons, proposés à des prix «quasi bas» A titre indicatif, le mouton d'une année, appelé localement «allouche»est cédé dans une fourchette allant de 15 à 25.000 DA, tandis que le «theni» (ne dépassant pas 2 ans) est proposé entre 25 et 35.000 DA, contre des prix allant de 35 à 45.000 DA l'année dernière. Quant au prix d'un bélier cornu, il varie, cette année, entre 45 et 55.000 DA, alors qu'il n'était jamais cédé à moins de 50.000 DA, durant les Aïds précédents, atteignant des pics de 65 à 70.000 DA, certaines saisons. Ces prix en baisse ont dessiné une joie «incontestable» sur tous les visages des citoyens ayant convergé, ces jours, vers les marchés à bestiaux de Djelfa. Tous sont unanimes à décréter, que les prix proposés pour les bêtes sont «satisfaisants» et qu'il s'agit d' «une opportunité à ne pas rater, sous aucun prétexte». Nombreux d'entre eux ont été même jusqu'à affirmer que les «prix sont quasi à la portée de tous», et que «chaque famille est en mesure de s'offrir, cette année, une bête pour le sacrifice, sans pour autant mettre à mal son budget». Cette joie des citoyens est aux antipodes du désespoir qui s'est emparé des maquignons, «contraints malgré eux» à vendre leur bétail à bas prix, au vu de l'offre abondante, se plaignent-ils. Toutefois, cela ne semble être que le calme qui précède la tempête. Car, les vendeurs saisonniers et autres intermédiaires sont à l'affût. Ils veulent faire main basse sur le marché pour ensuite contrôler la bourse des prix, et faire monter la marge de leurs gains, à la veille de la fête du Sacrifice. Selon les spécialistes du domaine, les prix enregistrés, actuellement, au niveau des marchés de Hassi Bahbah, Djelfa, Birine, Had Sahari, Messaâd, Dar Echioukh, Aïn Roumia, ne seront plus les mêmes d'ici une semaine. Pour eux, la flambée est bel et bien inévitable, au vu de la force et de la malice de ces intermédiaires que les maquignons craignent le plus, du fait qu'ils ont le pouvoir de vie ou de mort sur la marchandise de ces éleveurs. Ils ont le contrôle des marchés et si un éleveur «ose» se révolter, il pourra être sûr qu'il ne réussira pas à vendre sa marchandise dans les créneaux habituels. Cette situation a poussé certains à trouver l'ingénieuse idée de vendre ces moutons sur d'autres plateformes. Quoi de mieux que ce qui est devenu le marché préféré des Algériens, à savoir l'Internet. Les voitures d'occasion et les produits électroménagers sont zappés et le bélier squatte l'écran, avant qu'il ne passe au couteau! A l'approche de l'Aïd El Kébir, les moutons sont la vedette des sites de vente par Internet. Eh oui, désormais notre mouton de l'Aïd est au bout du clic! C'est une nouvelle tendance qui s'est installée depuis deux ans en Algérie. Les «kbechs» de l'Aïd sont ainsi mis en vente sur les sites d'annonces commerciales, telles que «Ouedkniss. com». Ces annonces pullulent ces derniers temps au point où ces sites sont en passe de devenir les marchés aux moutons des temps modernes. «URGENT =Moutons à un Prix imbattable. Etat: Bon état...Je mets en vente des moutons de la catégorie (kherfane) pour la fête de l'Aïd El Adha à un prix imbattable, rapport qualité/prix dédié pour un budget familial. On est situé à Belcourt. Vous êtes les bienvenus pour visite/achat. Prix: 31 500 DA. Négociable»,est le genre d'annonces qu'on trouve. Elle est en plus agrémentée par la photo des moutons dans leurs plus belles «postures». La «Kebch connexion»... Mais comme la concurrence est très rude, ces annonces sont plus innovantes les unes que les autres! Comme pour la vente de voitures, ces annonceurs n'hésitent pas à donner la provenance du mouton comme référence. Mouton de Naâma, de Tiaret ou encore, ce qui est considéré comme le «millésime» pour cette espèce animale de Djelfa, sont mis en évidence par ces vendeurs pour distinguer leur marchandise des autres! Mais ce n'est pas tout! Lisez cette annonce, vous allez comprendre. «Vente de moutons de l'Aïd très bonne qualité de Djelfa ne mange que du ZRA3E (EL ch3 ire) (orge, Ndlr) prix qui varient entre 27.000 et 47.000 DA, qualité garantie», propose «un maquignon de la Toile». Celui-ci met donc en évidence la nourriture avec laquelle a été alimentée le mouton pour se distinguer de la concurrence. D'autres véritables spécialistes du marketing, vont même jusqu'à proposer la livraison à domicile! «Vends de beaux moutons 'kabche el Aïd'' à des prix raisonnables. Livraison à domicile possible», est-il écrit dans une autre annonce. Les moyens pour attirer la clientèle ne manquent pas. La modernité qui tarde à se développer dans certains secteurs, a donc touché les moutons. La «Kebch-connexion» est là...