Devenu absolument indispensable, il ne se fera néanmoins qu'au mois d'avril prochain. «Il ne fait plus de doute que plusieurs ministres n'arrivent pas à suivre la cadence et les exigences du chef de l'Etat». De sources proches de la présidence de la République, nous apprenons que Bouteflika a repris depuis quelques jours déjà, sa série d'audiences accordées aux ministres du gouvernement Ouyahia. Nos sources qui précisent que «cette démarche de longue haleine, est directement liée au futur remaniement gouvernemental», ajoutent que «pas un des 32 ministres de cette équipe n'échappera à cette formalité». Nos sources viennent ainsi confirmer une rumeur qui faisait son petit bonhomme de chemin depuis de nombreuses semaines déjà. Au plan strictement politique, nous explique-t-on, «il était pour le moins axiomatique de dire que l'équipe gouvernementale actuelle n'est pas tout à fait celle que Bouteflika aurait souhaité mettre en place depuis sa réélection le 8 avril 2004». Quelques jours après cette date, on s'en souvient, Bouteflika avait procédé à un très léger remaniement, dans l'attente du déroulement de la crise du FLN, ce qui a enfin eu lieu à la fin du mois de janvier dernier. Premier parti du pays, le FLN a réussi la gageure de se redresser alors que beaucoup d'observateurs le donnaient pour «fini», poussant sa victoire jusqu'à convaincre le chef de l'Etat, à travers un message très marquant, d'en devenir le président d'honneur. C'est en toute logique donc, que son secrétaire général est revenu à la charge pour revendiquer, au sein de l'équipe gouvernementale, une représentativité qui soit plus conforme à la majorité absolue qu'il détient au sein de l'APN. Or, nos sources qui précisent que «Bouteflika, dans sa démarche globale, tient en ligne de compte ces données politiques nouvelles et incontournables, n'en privilégie pas moins les compétences à toute autre considération, d'où les auditions qu'il est en train d'accorder à l'ensemble des ministres du gouvernement Ouyahia». C'est pourquoi du reste, nos sources se montrent d'ores et déjà formelles en précisant que «le chef de l'Exécutif, quoique secrétaire général du RND, sera maintenu à son poste». Ouyahia, de l'avis de tous, même de celui de ses adversaires politiques, «a fait montre de très hautes compétences, tant politiques que techniques, qui font de lui l'homme le plus apte à mener à bien le programme électoral du président Bouteflika». En revanche, de nombreux ministres, qui ont montré toutes leurs limites, sont très sérieusement sur la sellette. Nos sources, qui refusent de donner des noms, soulignent que «le président se serait montré très mécontent des médiocres résultats réalisés dans certains secteurs en recevant leurs ministres respectifs». Bouteflika qui compterait inclure l'UDR d'Amara Benyounès dans la future équipe, serait sur le point de finaliser les listes des ministres partants lesquelles listes doivent être adressées aux partis concernés afin que ces ministres soient remplacés, mais à cette exception près que le premier magistrat du pays sera désormais très regardant sur les noms qui lui seront présentés. Il aurait même l'occasion d'accorder un poste ministériel de souveraineté au RND, un parti qui recèle beaucoup de compétences et à qui le président doit beaucoup pour sa réélection le 8 avril dernier. Si le FLN, pour sa part, doit garder au moins son quota, il ne fait aucun doute que beaucoup de ses portefeuilles changeront de main, au regard des résultats que le président lui-même aurait jugés plus qu'insuffisants. Bouteflika, à partir de la Maison du peuple ce mercredi, a clairement laissé entendre à tous qu'il était tenu par la réalisation d'un mandat, qu'il voulait voir les fruits des graines qu'il est en train de semer et qu'il n'y aurait désormais plus de place pour les traînards. Le futur gouvernement, qui a toutes les chances d'accompagner le président au moins jusqu'à 2007, nécessite un minimum de réflexion et de concertation. C'est pourquoi nos sources estiment que le remaniement, quoique devenu absolument indispensable, ne se fera pas avant le mois d'avril prochain. D'ici là, l'Alliance présidentielle aura eu tout le temps nécessaire pour affûter ses armes et se préparer à cette nouvelle distribution des cartes, mais aussi des cahiers des charges.