Se sachant malade, elle continuera à peindre et à exposer jusqu'à son dernier souffle... La mort a eu raison de l'artiste-peintre et moudjahida Aïcha Haddad, décédée à l'âge de 68 ans, jeudi, à l'hôpital Mustapha-Bacha. Un dernier hommage lui a été rendu, hier, vers 11 heures au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, par ses amis et la famille de la culture avant la cérémonie des funérailles qui ont eu lieu au cimetière de Hammamet. Née en 1937 à Bordj Bou-Arréridj, Aïcha Haddad a, depuis sa tendre enfance été attirée par l'art. Une fois l'indépendance recouvrée, elle s'adonnera de tout son coeur au dessin et à la peinture, ses deux passions, après avoir suivi des cours à la société des Beaux-Arts d'Alger. Aimant et choyant les enfants, elle se consacrera à l'enseignement au lycée Omar-Racim puis occupera le poste d'inspectrice de dessin. Encouragée par sa famille et ses amis, Aïcha prend son courage à deux mains et décide d'exposer ses oeuvres en 1972 lors d'une exposition collective à l'ex-galerie des Quatre colonnes. Parallèlement à son métier et à sa participation aux expositions, Aïcha est très attirée par l'art contemporain. Elle effectue des recherches dans le domaine des arts plastiques tout en restant fidèle au patrimoine national. L'artiste participe plusieurs fois à des semaines culturelles algériennes à l'étranger. Elle est en outre, lauréate de plusieurs distinctions dont le premier prix de peinture décerné en 1972 par la ville d'Alger et le prix de l'Unesco. Elle a été honorée à plusieurs reprises, notamment par le ministère de la Culture et l'Union nationale des arts culturels (Unac). Celle qui confiait à tout un chacun que «la plus grande chance de ma vie a été de servir l'Algérie» est aussi honorée par l'établissement Arts et Culture de la ville d'Alger qui a institué en 2003 un prix portant son nom et destiné à récompenser la meilleure peinture féminine. Se sachant malade, elle continuera à peindre et à exposer jusqu'à son dernier souffle. Sa dernière exposition, fruit de longues années de travail, a été consacrée à la miniature, discipline à laquelle elle a donné son propre cachet. Lors d'un message de condoléances adressé par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, à la famille de la défunte, il est souligné: «Le départ de cette artiste talentueuse, discrète et si modeste (qui) nous attriste profondément et nous affecte considérablement» et de confier «l'Algérie, fière de cette artiste, a offert à l'Unesco une oeuvre d'Aïcha Haddad comme symbole de lutte contre la violence, de contribution à la culture de la paix et d'engagement pour la tolérance». Pour sa part, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a exprimé sa profonde affliction par ses termes: «Nous sommes profondément peinés par la disparition d'une artiste du rang de Aïcha Haddad qui s'est vouée au service d'une noble mission laissant derrière elle une oeuvre qui témoignera à jamais de son talent exceptionnel...». En effet, réservée et timide et presque effacée, c'est désormais son trésor pictural inestimable qui continuera à faire parler d'elle... à l'instar de Baya et d'autres grands artistes désormais entrés dans la postérité...