Les forces du gouvernement libyen d'union nationale (GNA) progressaient hier dans la ville de Syrte pour y défaire les dernières poches de résistance des jihadistes du groupe Daesh (EI) qui vendent chèrement leur peau. Les jihadistes sont désormais acculés dans un secteur de moins de deux km dans la ville qui était devenue leur bastion en Libye, ont affirmé hier les forces du GNA. Un millier de soldats les encerclent après avoir lancé dimanche «l'ultime bataille» pour reconquérir totalement Syrte, située sur la côte méditerranéenne à environ 450 km à l'est de Tripoli. Les forces loyales ont indiqué s'être «emparées d'un peu plus de la moitié du quartier N°3 et de 70% du quartier N°1», les deux secteurs mitoyens où les jihadistes s'étaient retranchés ces dernières semaines. Fidèles à leur stratégie de guérilla, les combattants de l'EI ont lancé contre les soldats au moins 12 voitures piégées conduites par des kamikazes, selon le centre de presse des forces du GNA. Les combats de dimanche ont coûté la vie à 34 membres des forces loyalistes et blessé 185 autres, selon un dernier bilan de l'hôpital de campagne de Syrte et de l'hôpital central de Misrata, ville située à quelque 200 km à l'ouest et siège du commandement des opérations. Le bilan humain des combats au sein de l'EI n'est pas connu. Syrte comptait 120 000 habitants avant sa prise le 9 juin 2015 par l'EI. Mais la plupart d'entre eux ont réussi à fuir et la ville a été «complètement vidée», indiquait mi-août le général Mohamad al-Ghassri, porte-parole des forces progouvernementales. Seules y demeuraient selon lui les familles des jihadistes. La ville natale de l'ex-guide Maâmar El Gueddafi était devenue leur fief en juin 2015 à l'occasion d'une offensive de l'EI en Libye hors de ses bastions de Syrie et d'Irak. Le drapeau noir de l'EI flottait sur les bâtiments publics de la ville et des jihadistes en 4x4 sillonnaient les rues pour vérifier que les hommes respectaient les heures de prières et que les femmes ne s'aventuraient jamais sans accompagnateur. La reprise totale de Syrte serait un grand revers pour l'EI mais n'écarterait pas d'un coup la menace jihadiste en Libye et pourrait même ouvrir une phase encore plus violente, selon des experts. Avant l'offensive sur Syrte, des sources françaises et américaines, faisaient état de 5 000 et 7 000 jihadistes de l'EI dans toute la Libye. Mais à la mi-août, le porte-parole adjoint du Pentagone, Gordon Trowbridge, estimait qu'il ne restait que «quelques centaines de jihadistes à Syrte» et à peine «1 000 à quelques milliers» dans toute le pays. En revanche, une reprise de Syrte représenterait une victoire pour le gouvernement d'union qui tente d'imposer son autorité sur un pays déchiré par les luttes entre autorités et milices rivales. Soutenu par la communauté internationale, le Premier ministre Fayez al-Sarraj n'a jusqu'à présent pas réussi à faire approuver le gouvernement d'union par le Parlement basé dans l'est du pays, qui soutient un gouvernement parallèle. Les forces loyalistes combattant à Syrte sont principalement composées des différentes milices de l'ouest du pays, notamment de Misrata, ayant combattu dans le passé le régime d'El Gueddafi. Elles ont récemment profité des raids de l'aviation américaine pour lancer leur dernier assaut alors qu'elles peinaient depuis juin à déloger les jihadistes de leur fief. Les Etats-Unis effectuent depuis le 1er août des frappes aériennes contre des cibles jihadistes à Syrte, apportant leur assistance aux troupes loyalistes. Et depuis aujourd'hui, ils utilisent des hélicoptères d'attaque de type AH-1W SuperCobra des Marines qui apportent de nouvelles capacités pour les frappes de précision.