La participation des Russes aux JP 2016 demeure incertaine A une semaine de l'ouverture des Jeux paralympiques de Rio, les sportifs handisports russes, exclus de ces joutes par le Comité international paralympique en raison d'une affaire de dopage, multiplient les démarches en vue d'obtenir l'autorisation d'y participer. Trente-trois athlètes ont envoyé des correspondances personnelles au Comité international paralympique (IPC) pour demander une autorisation à prendre part à cet évènement sportif, en attendant le verdict de la cour de justice suisse, que les autorités russes avaient saisie, vendredi dernier, pour contester la décision d'exclusion du handisport russe. Le président du Comité paralympique russe Vladimir Loukine, avait affirmé à la presse qu'au moins 266 sportifs paralympiques allaient saisir à titre individuel la Cour européenne des droits de l'homme. La suspension collective des athlètes handisports russes avait suscité une vive réprobation aussi bien en Russie qu'à l'étranger, et a déclenché un élan de soutien en faveur des athlètes sanctionnés. Le président Vladimir Poutine avait déclaré, au lendemain de l'annonce de la suspension, que la décision de disqualifier les paralympiens est «en dehors du droit et en dehors de la morale». «Il est cynique de passer sa colère sur ceux pour qui le sport est devenu un sens à leur vie, qui, par leur exemple, donnent de l'espoir à des millions de personnes handicapées», a estimé Poutine, promettant à ces athlètes, en cas de maintien de la suspension, «l'organisation de compétitions spéciales, où vous pourrez montrer vos compétences». «La récompense pour les gagnants sera la même qu'elle serait à l'issue des Jeux paralympiques», avait-il ajouté. Selon Poutine, «La Russie n'acceptera aucune accusation de dopage à l'égard de ses sportifs si des preuves convaincantes ne sont pas présentées». La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a qualifié de lâche et d'inhumaine la décision du Comité international paralympique de priver les sportifs russes de participation aux Jeux paralympiques de Rio. Le Comité international paralympique a interdit le 7 août la participation des athlètes russes aux Jeux de Rio suite à la publication le 18 juillet d'un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Toutefois, cette décision était d'autant plus inattendue que le Comité international olympique (CIO) avait antérieurement permis aux sportifs russes valides de participer aux Jeux olympiques au Brésil, sauf ceux qui avaient été par le passé sanctionnés pour dopage. Le rapport publié par l'AMA, qui accuse l'Etat russe d'avoir mis en place un système de dopage généralisé, «se base notamment sur le témoignage de l'ancien chef du laboratoire anti-dopage de Moscou, Grigory Rodchenkov, qui a fui aux Etats-Unis peu après que l'affaire a éclaté», selon la presse russe. Elan de solidarité en faveur des paralympiques russes Une pétition, adressée aux membres du Comité international paralympique et à son président Philip Craven, visant à faire admettre l'équipe russe aux Jeux paralympiques de Rio, a été signée par plus de 105.000 utilisateurs. La pétition, publiée sur le site Change.org, dit: «Nous croyons que la décision d'exclure les athlètes paralympiques des Jeux et de leur attribuer une responsabilité collective pour des crimes qu'ils n'ont pas commis est contraire aux principes fondamentaux du droit international et de la culture européenne. Elle est inhumaine pour les presque 300 athlètes paralympiques qui sont absolument propres et ne sont impliqués dans aucun scandale de dopage». Les auteurs de la pétition demandent au CIP et personnellement à Craven de permettre aux athlètes paralympiques russes de participer aux JO de Rio. Auparavant, le quotidien italien Imola Oggi avait également publié une pétition demandant d'admettre l'équipe paralympique russe aux Jeux. Un flashmob de soutien aux sportifs russes bannis des Jeux paralympiques de Rio prend de l'ampleur sur Internet. Les internautes expriment leur soutien aux membres de l'équipe paralympique de Russie et dénoncent la décision du TAS et du Comité international paralympique (CIP). Des personnalités sportives et politiques ont participé à ce flashmob en envoyant des messages de soutien. Le dirigeant du parti libéral-démocrate russe (LDPR) Vladimir Jirinovski a qualifié la décision du TAS de vengeance. «Ils n'ont pas réussi à éliminer l'équipe olympique et se vengent sur les paralympiens», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision 360. Des personnalités sportives et politiques des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) ont elles aussi condamné l'exclusion des paralympiens russes. Le ministre ouzbek de la Culture et des Sports Toursounali Kouziev a estimé que la décision du CIP était «erronée» et a appelé à donner aux paralympiens russes la possibilité de participer aux Jeux. Dmitri Karpov, athlète kazakh et médaillé de bronze aux JO-2004 a déclaré que la décision du Comité international paralympique est incompréhensible. «Le sport doit rester le sport, et la politique à la politique. On a l'impression que l'on exerce une pression politique sur la Russie. Mais cette pression ne doit pas concerner les sportifs», a indiqué l'athlète. En Estonie, Oleg Fiodorov, entraîneur de bodybuilding, estime que la décision du CIP est amorale. «Toute leur vie (des paralympiens) est un exploit continu. Il est absolument inhumain de les exclure et de les humilier», a-t-il déclaré. Il est à rappeler que pour les Jeux de Rio des valides (5-21 août), la Russie avait été privée de 113 sportifs, dont la totalité de sa sélection d'athlétisme (67 athlètes sur 68) et sa sélection d'haltérophilie. Elle a néanmoins terminé quatrième au tableau des médailles, avec 19 médailles d'or, 18 en argent et 19 en bronze.