C'est jeudi après-midi que devait être projeté le premier film documentaire de Faycal Hamoum qui vient de voir ses bras et jambes sciés suite à la décision arbitraire émanant du ministère de la Culture. En effet de tous les films programmés au niveau de la cinémathèque de Béjaïa entrant dans le cadre des XIVes Rencontres cinématographiques de Béjaïa, seul son film a fait l'objet de refus d'octroi d'un visa culturel de diffusion. Pour rappel, ce film est une plongée dans les coulisses de l'élection présidentielle de 2014. Suite à cette interdiction de projeter le film aux RCB, Abdenour Hochiche président de l'association Project'heurts a fait savoir dans un communiqué que «Contrainte par la loi n° 11-03 du 17 février 2011 relative à la cinématographie, décret 13-276, l'association Project'heurts se voit dans l'obligation d'annuler la projection du film». Mais de poursuivre: «L'association Project'heurts, particulièrement attachée aux valeurs de la démocratie et de la liberté d'expression et de création, a décidé d'ouvrir un débat sur la loi sur le cinéma, sur la liberté de création en Algérie, le jeudi à 17h à l'heure de la projection du film Vote off, en présence du réalisateur et du producteur du film.» A propos de cette «censure», Faycal Hamoum confiera dans une lettre postée sur les réseaux sociaux Facebook et ce, avec une certaine amertume non dissimulée: «Il s'agit avant tout d'un film fait avec des Algériens, en Algérie, avec certes, des moyens de production modestes, mais une énergie monstrueuse.» Et de poursuivre, plutôt déterminé: «C'est un voyage électoral ou plutôt une balade où se côtoient le doute, la peur, l'espoir. À la manière d'un facteur, je suis allé faire du porte-à-porte, j'ai passé du temps avec des amis et j'en ai rencontré de nouveaux, j'ai capté des moments intimes, je voyais ces hommes et ces femmes sortir de chez eux pour aller travailler, rêver, se battre, et j'ai eu envie de les filmer, de les aimer, d'accompagner chacun de leurs moments de vie et de construire avec eux une histoire qui est devenue, à l'arrivée, un film, mais aussi une parcelle de notre mémoire collective. Cette mémoire que l'on léguera à nos enfants.» et de souligner: «Au-delà des parcours individuels de mes personnages, qui sont au centre du projet, j'ai aussi fait ce film pour une raison simple et sans doute un peu naïve: je veux croire que l'Algérie peut et doit devenir aussi démocratique que possible. Interdire ce film, c'est interdire la croyance qui en est à l'origine...» Triste sort en effet pour le cinéma en Algérie. Après l'annonce du gel des financements, voilà qu'on vient porter encore une fois un coup dur aux gens de la profession du 7ème art.