Abdelkader Bensalah reçu par François Hollande sur le perron de l'Elysée Une déclaration de Manuel Valls vient donner du sens à cet échange d'amabilités entre les deux institutions législatives algérienne et française. L'actualité algéro-française s'est quelque peu «densifiée», hier, avec la visite du second personnage de l'Etat algérien à Paris. A l'invitation du président du Sénat français, Gérard Larcher, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a entamé une visite de deux jours en France. En réponse à celle effectuée par M.Larcher le 8 septembre 2015, à Alger, le séjour parisien de M.Bensalah est un peu plus que protocolaire, en cette rentrée sociale où certaines pendules doivent être remises à l'heure de la coopération quelque peu ébréchée par le comportement «enfantin» du Premier ministre Manuel Valls, qui avait, rappelons-le commis un Twitt, autant gratuit que stupide. On n'en n'est plus là, certes, mais il faut dire que les relations algéro-françaises ont réellement besoin d'être réchauffées. Reçu par le président François Hollande, Abdelkader Bensalah ne s'est donc pas contenté du strict aspect protocolaire et a véritablement joué son rôle de second personnage de l'Etat, d'autant que son discours a pris des connotations économiques claires, faisant entendre à tous ses interlocuteurs, dont le président Hollande, tout l'intérêt qu'accorde l'Algérie à sa relance économique, ainsi qu'à un partenariat fécond avec Paris. «La situation est (...) propice pour donner un nouvel élan à la coopération économique bilatérale. Une coopération qui doit dépasser l'aspect commercial et favoriser davantage l'investissement productif, le transfert technologique et la réalisation de pôles de compétitivité et de centres d'excellence», a souligné M.Bensalah dans une allocution à l'ouverture du 1er Forum algéro-français de haut niveau entre le Conseil de la nation et le Sénat français. Ne tournant pas autour du pot, le président du Conseil de la nation a appelé à consolider le partenariat en multipliant les efforts. «Ces efforts attendus des opérateurs français viendront consolider des relations économiques déjà solides entre nos deux pays, la France étant l'un des premiers partenaires de l'Algérie en termes d'échanges commerciaux et d'investissements», a-t-il soutenu. Le souci d'aller le plus loin possible dans le domaine économique est certainement mué par la conviction qu'entre Alger et Paris beaucoup de choses peuvent être faites. Abdelkader Bensalah n'a pas hésité à mettre en avant la coopération entre les deux pays dans l'épineux dossier du Mali. «L'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, est l'illustration et le résultat d'une coordination réussie des efforts de nos deux gouvernements et de toute la communauté internationale», a-t-il indiqué. Mais sans trop se réjouir, pour autant, Abdelkader Bensalah a admis qu'il restait encore du travail à accomplir pour stabiliser durablement la situation au niveau de la bande sahélo-sahélienne. «Force est de constater que la menace terroriste est encore plus préoccupante au niveau de la bande sahélo-sahélienne, objet de nos discussions d'aujourd'hui», a noté le président du Conseil de la nation. De son côté, le président du Sénat français a reconnu les erreurs d'appréciation faites sur la crise algérienne des années 1990. «La France a trop mal perçu la décennie noire», a souligné Gérard Larcher, affirmant que la correction ne relève pas de la couleur politique du pouvoir en France. Il dira à ce propos que les relations bilatérales entre les deux pays, «ce n'est pas l'affaire de la droite, de la gauche ou du centre». Tout en annonçant cette conviction, il n'omet pas de souligner le rôle joué par le président de la République dans le rafermissement des relations algéro-françaises. «J'ai apprécié sa sagesse (du président Bouteflika), son sens de l'Etat, nourri par sa longue expérience, et son analyse des situations dans le monde qui est hors pair.» Par ailleurs un entretien accordé par Manuel Valls au magazine Jeune Afrique, vient donner du sens à cet échange d'amabilités entre les deux institutions législatives algérienne et française. Le Premier ministre français, à l'origine de la «tempête diplomatique» s'est voulu bien plus amical. «Chacun connaît mon respect à l'égard du président Bouteflika», a déclaré Manuel Valls pour qui l'incident du Twitt «n'a rien changé à la relation que nous entretenons depuis quatre ans avec les autorités algériennes et avec le Premier ministre Sellal». «Il faut avoir du sang-froid dans ce genre de situation», a-t-il estimé, tout en rappelant que la France «a confiance en l'Algérie et en son potentiel immense de grand partenaire».