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La lecture profite à l'esprit et à l'âme
LA PETITE BIBLIOTHÈQUE DE L'ETE 2016 (VII)
Publié dans L'Expression le 21 - 09 - 2016


La lecture profite à l'esprit et à l'âme
Les bonnes lectures sont toutes assez belles pour être éducatives et instructives; elles donnent la force intellectuelle de se comporter dans la vie, tel que l'on doit être, naturellement des humains.
C'est à l'école que l'on apprend à lire, à l'école primaire. L'évidence aussi est que, signalent de nombreux professeurs d'universités, certains étudiants ne savent pas lire, c'est-à-dire ce que l'on appelle «savoir lire vraiment, sans hésitation et comprendre le sens complet de ce qui est lu». C'est alors seulement, et c'est trop tard, que l'on se rend compte parfois, avec regret et souvent avec colère que l'étudiant déchiffre tout juste le texte après plusieurs essais suivis de découragement... On peut se laisser dire que la lecture n'est pas le petit café du matin, la tasse de café de l'après-midi (à l'heure du açr) ou «le philtre» du soir qui, avec recueillement, inspire l'amour de la lecture.
Je laisse à mes lecteurs une grande part de réflexion sur «la lecture, clef de tout savoir». Lire s'apprend, le goût de lire aussi et il se cultive agréablement par la merveilleuse et puissante motivation contenue dans le texte... Et les moyens ne manquent pas, c'est-à-dire, ni les bons enseignants, ni les bons inspecteurs, ni les bons livres, ni les bons éditeurs, ni les bonnes librairies, ni même toutes les autres bonnes volontés indispensables qui sont alentour...
Notre chronique essaie d'intéresser à la lecture, ceux qui le veulent bien. Notre Petite bibliothèque de l'été 2016 leur propose des extraits de quelques présentations des ouvrages cités au cours de la saison 2015-2016.
LE RETOUR AU SILENCE de Mouloud Achour, Casbah Editions, Alger, 2011, 207 pages: «Quand le silence est message... [...] Dans le silence de soi, la voix intérieure est-elle assez sage décision pour renoncer au devoir de se dire? [...] Je reviens sur cette oeuvre à l'intitulé fort littéraire et fort significatif d'une époque dont on ne finit pas de dépasser les conséquences et de corriger les inconséquences des inconsciences pour nous soulager de son poids de regrets et d'incohérences qui encombrent encore nos horizons les plus légitimes. À ce sujet, Le Retour au silence de l'ami et confrère Mouloud Achour est une illustration parfaite de nos pensées. Une anecdote: lorsqu'il m'a remis son livre, je lui ai demandé de le dédicacer. Il a souri. Je lui souffle: écris au moins «Bonjour». Il a pris le livre en souriant. Après quelques secondes d'écriture, il me l'a retourné. J'ai lu en silence ce qu'il a écrit: «Tu voulais que je mette ́ ́bonjour ́ ́ - voilà qui est fait. En toute amitié. Mouloud Achour.» J'ai souri à mon tour. [...]
Une époque de la haine et des deuils. Permettez que je prenne une légère avance sur la présentation du recueil de nouvelles Le Retour au silence (*) de Mouloud Achour. Il soulève un intérêt majeur sur «la réalité des choses» touchant à la langue et son efficacité dans un contexte donné. Je pense que la langue est porteuse d'émotion, et de culture et de civilisation aussi. Amère vérité, si l'on rapporte ce sentiment à la langue maternelle ou à la langue d'enseignement de l'Algérie actuelle. Quelle langue est la plus juste, c'est-à-dire la plus appropriée sinon la plus authentique, pour instruire, pour dire, pour chanter, pour soigner, pour édifier l'univers de nos enfants, à partir d'un socle national? En posant la question ainsi - immense question, à laquelle il est difficile de répondre, du reste -, on s'aperçoit vite qu'elle étend fort loin l'expérience scolaire qui n'a pas, à l'évidence, pleinement instruit l'adulte d'aujourd'hui de son histoire et de son identité, grâce à la notion de langue pertinente qui est spécialement son instrument de communication. Il est clair, en effet, que la puissance des passions patriotiques, bien que l'on sache que les faits de langue sont «conventionnels», devancent et préparent la grandeur de l'homme dans son pays, et ailleurs.
«Le français est un butin de guerre», soit. Mais, au-delà de je ne sais quelle démagogie, de stratégie ou d'idéologie, pourquoi apprend-on nécessairement et vaille que vaille le français dans nos universités et jusqu'à quand? Certes, ce n'est pas le sujet ici, néanmoins, on doit a contrario penser et se convaincre que «l'enfant apprend sa langue d'abord». Le trouble, qui continue d'envahir notre société, crée désordre dans toutes nos conceptions pour affirmer notre personnalité nationale... Ce désordre existe, qu'on le veuille ou non, et ne cesse de nous interpeller. Cette idée se retrouve dans ce qui suit... Aussi, après une si longue absence - sa dernière publication, «Juste derrière l'horizon», un roman, daté de 2005 -, Mouloud Achour nous revient-il à pas feutrés avec un recueil de dix nouvelles sous le titre général Le Retour au silence. Ce titre est celui de la troisième nouvelle, - évidemment, si l'on considère que les deux premiers textes, bien que partageant le même intitulé («Si mon père revenait» 1 et 2), se distinguent par la structure psychologique formalisant les deux personnages aux caractères opposés, Bachir et Si Mounir...»
LE SANGLOT DU CHARDONNERET de Farid Benyoucef, Casbah Editions, Alger, 2015, 158 pages: «De l'élégance à la compassion... La vie est semée de chardons, surtout le long des chemins d'espérance mais qu'un petit passereau vienne à se nourrir des graines de ces plantes aux feuilles et tiges épineuses, voilà que soudain ces chardons deviennent bénis. [...] La nature, par ses mystères complexes, est versatile; elle donne et retire ses bienfaits, - elle inflige des peines et les annule aussi. En publiant son recueil de sept nouvelles sous le titre de l'une d'elles Le Sanglot du chardonneret, Farid Benyoucef essaie de restituer tout en les analysant quelques faits de société parmi les plus présents dans l'actualité chez nous et ailleurs et qui l'ont frappé et attristé. L'auteur en présente «sept», - ce nombre aurait-il été expressément choisi par allusion au «chiffre magique» courant dans l'évocation des mythes, des croyances, des superstitions, des symboles,...? De même, le choix du chardonneret, n'est pas neutre. J'imagine un chardonneret élégant, le type même que l'on apprivoise pour la beauté de son plumage, l'agrément de son chant et sa docilité. C'est, chez nous, sauf erreur de ma part, el maqnîn, l'oiseau familier dans bien des maisons, ami joyeux et toujours compagnon fidèle dans les moments de solitude, car il soulage l'âme en peine. Souvent bariolé, la face écarlate, la queue noire avec des taches blanches et le croupion blanc, il sautille, bat de ses ailes jaunes dans sa cage et, plein de sentiments divers, de sa gorge minuscule jaillissent des mélodies en l'occurrence compatissantes ou ravissantes, tel son «chant nuptial», tantôt des plaintes, tantôt des cris d'anxiété. Et il a un sanglot désespéré qui brise le coeur, car souvent il est accompagné de pleurs, - parole d'ornithologiste peu ou prou sensible!
LES ABYSSES DE LA PASSION MAUDITE de Badr'Eddine Mili, Editions Chihab, Alger, 2015, 149 pages: «La pathologie de la folie furieuse... [...] Quand la passion devient déraison, elle s'achève en tragédie, inéluctablement. Et quand, plus largement, son caractère souverain atteint les profondeurs infinies de la démesure sauvage de ses ambitions, elle use de cette sorte de quintessence morbide pour anéantir l'être humain. Badr'Eddine Mili s'est proposé de le démontrer dans son ouvrage intitulé Les Abysses de la passion maudite par lequel il clôt sa trilogie commencée avec La Brèche et le Rempart (2009) sur le thème de la «guerre de libération» et Les Miroirs aux Alouettes (2011), une évocation assez instructive de «la désillusion de l'indépendance». [...]
Un gouffre au pluriel. Dans le présent volet, Badr'Eddine Mili ne fait pas le récit d'une romance ou de quelque passion liturgique. Il étudie l'effet d'une guerre civile, la souffrance horrible subie par le peuple algérien durant la décennie noire commencée en 1990 et, a contrario, il révèle la juste et héroïque réplique nationale, c'est-à-dire le sursaut spontané des forces populaires et sécuritaires institutionnelles dans la solidarité et l'unité. L'esprit de Novembre 1954 contre le colonialisme a été ainsi revivifié et réactivé contre les dérives de toutes sortes commises par la terreur et le crime dont on constate, actuellement dans le monde, des spécimens qui augmentent les échelons supplémentaires dans la hiérarchie des supplices qui précèdent ou accompagnent la mort. Dans Les Abysses de la passion maudite, il s'agit de «la grande déchirure de la société algérienne intervenue dans ces années-là». Cette «passion maudite» n'appelle aucune analogie, ni liturgique ni même littéraire.
Badr'Eddine Mili la transcrit, en son état réel. Il l'analyse avec une subtile économie de mots, à la mesure de sa sensibilité et ses convictions, à travers le vécu d'«une famille constantinoise» et cette «passion maudite» telle qu'elle vise à l'anéantissement de l'être humain. Là, on retrouve l'appréciation de l'auteur qui n'a jamais cessé d'être le militant des causes justes et l'analyste serein des tribulations de la vie algérienne, puisqu'il est journaliste et s'inspire de son expérience acquise dans différentes fonctions importantes «au sein des médias publics et des institutions de l'Etat».
Il faut reconnaître que trop souvent ce qui est parfaitement vrai paraît absurde, c'est-à-dire invraisemblable, voire impossible. Aussi, le roman, mieux la fiction serait-elle plus forte que le récit de la réalité historique. Pourquoi non? Il est un proverbe chez nous qui dit: «Ne ressent le feu d'un morceau de charbon ardent que celui qui pose le pied dessus.» Il y a là une vérité flagrante....
À suivre La Petite bibliothèque de l'été 2016 dans Le Temps de lire du mercredi 28 septembre 2016, p. 21.


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