L'axe du mal sera-t-il encore plus à droite? Sarkozy ou Juppé? Le débat est vital et le choix l'est davantage. Depuis quatre ans, il n'a pas été tranché, offrant des joutes dantesques entre partisans souverainistes plus ou moins déclarés et adeptes du ni-ni. Hier, la Haute Autorité de la primaire de la droite a dévoilé la liste des sept candidats qualifiés pour cette étape des 20 et 27 novembre, à l'issue de laquelle émergeront les poids lourds des partis de la droite et du centre droit. Une fois dûment vérifiés tous les parrainages déposés par chacun des candidats, sont donc admis à concourir les prétendants attendus: Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, flanqués des non moins assurés Bruno Lemaire et François Fillon, et des trublions Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet. Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, étant qualifié d'office en tant que responsable d'un parti associé au processus. Le malheureux Hervé Mariton a par contre été écarté par la Haute Autorité, faute de parrainages suffisants. Pour être candidat, en effet, il fallait se prévaloir du soutien approuvé de 250 élus, dont 20 parlementaires répartis dans au moins 30 départements, et 2500 adhérents répartis dans au moins 15 fédérations départementales. C'est désormais l'heure de vérité, pour les sept cavaliers de la primaire bien sûr, mais aussi et surtout pour les deux héraults du parti Les Républicains, Juppé et Sarkozy, d'ailleurs impatients d'en découdre. Et pour cause! Outre la différence de tempérament et de trajectoire politique entre les deux hommes, il y a l'incontournable nécessité d'une clarification idéologique dans un parti d'opposition devenu par la force des circonstances une galère problématique: tous, dirigeants et adhérents, attendent avec une certaine angoisse la réponse à une question-clé qui déterminera le sort de la formation avant même le rendez-vous d'avril 2017. Le parti Les Républicains va-t-il plébisciter une ligne droitière dure jusqu'à rivaliser sans frémir avec le Front national dont la dynamique menace frontalement sa position de leader de l'opposition ou sinon penchera-t-il pour une démarche soft, voire centriste afin de tenter de séduire le maximum d'électeurs? Sarkozy ou Juppé? Le débat est vital et le choix l'est davantage. Depuis quatre ans, il n'a pas été tranché, offrant des joutes dantesques entre partisans souverainistes plus ou moins déclarés et adeptes du ni-ni. Cette fois, les scrutins des 20 et 27 novembre vont y mettre le holà et le vainqueur au soir du second tour aura les coudées franches pour entraîner le parti dans tel ou tel sillage. Les fans de Sarkozy, sûrs d'eux et dominateurs comme à leur habitude, font d'ores et déjà fi des inquiétantes fractures dont le parti de la droite est affecté, et ils prônent un discours totalement décomplexé qui prend à son compte les charges thématiques habituelles du FN, l'identité nationale, l'insécurité, l'islam, l'immigration... Face à eux, les partisans d'une ligne modérée qui entend préserver l'héritage d'une UMP conforme à son ancrage à droite et au centre. Des divergences profondes et des incompréhensions qui rendent impossible une réconciliation même factice. Quel que soit le vainqueur de cette bataille doctrinale inédite, il y a fort à parier qu'il aura bien du mal à maintenir le cap des sept tendances officialisées pour la course initiale sur une seule et même ligne unitaire. Chacune d'elle croit détenir la vérité et chacune milite pour sa propre chapelle, avec sa propre pensée. A une exception près, néanmoins. Ce qui sépare un Jean-François Copé d'un Nicolas Sarkozy est tellement plus mince, et plus négociable, que leur différence conjuguée avec un Alain Juppé. Tous deux sont sur un axe extrême et militent pour une politique qui ferait pâlir de jalousie Marine Le Pen et tous ses proches. En témoigne la toute récente sortie, approximative et enflammée, de Sarkozy sur «nos ancêtres, les Gaulois», qui ressemble à s'y méprendre au couac sur «la race blanche» d'une Nadine Morano en fin de compte éjectée du sprint initial.