A quatorze mois de la 11e élection présidentielle française sous la cinquième République, la classe politique, toute tendance confondue, n'a jamais parue autant divisée face un électorat exigeant et revendiquant des têtes nouvelles. Depuis la publication par le quotidien Le Parisien d'un sondage réalisé par la société Odoxa, en début de l'année, qui avait annoncé que près de trois-quarts des Français ne souhaitent pas que François Hollande et Nicolas Sarkozy soient candidat à l'élection présidentielle de 2017, la classe politique française est en pleine agitation, même si le rendez-vous électoral est à une année de longueur. A droite, en attendant probablement d'autres annonces, les candidats pour la primaire, en novembre prochain, se bousculent. Hormis l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui a des déboires avec la justice, huit candidats se sont déjà engagés dans la recherche de soutiens et de parrains au sein de leur tendance politique. Il s'agit de l'ancien Premier ministre sous Jacques Chirac, Alain Juppé, favori selon les sondages, de l'ancien Premier ministre sous Sarkozy, François Fillon, le député Hervé Mariton, la députée européenne et ancienne ministre, Nadine Morano, le député Frédéric Lefebvre, le député Jean-Frédéric Poisson, Jean-François Copé et Bruno Lemaire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin. Dans ce camp, la guerre n'est pas encore déclarée, mais elle est "feutrée", estiment des observateurs de la scène politique française, en attendant la donne Sarkozy qui veut rester en course malgré ses démêlées avec la justice. La couleur est déjà annoncée. Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé ont amorcé le début des hostilités, après la mise en examen pour financement illicite de la campagne de l'ancien président dans l'affaire Bygmalion. Ce qui réjouit, par ailleurs, le candidat favori Alain Juppé. Les dés ne sont pas encore jetés au sein de cette tendance politique, mais tout dépendra de l'option que prendra la gauche qui craint la déchéance politique des Français, après un quinquennat houleux qui n'a pas réussi à inverser la courbe du chômage. François Hollande, candidat naturel de la gauche, a commencé, dans cette perspective, par mettre de l'ordre dans le gouvernement de Manuel Valls, qui laissait apparaître quelques fissures après le débat houleux sur la révision constitutionnelle et la déchéance de la nationalité, afin de garder la cohésion de l'équipe gouvernementale dans la perspective de la présidentielle. Mais les sondages ne lui sont pas cléments, ni favorables. Selon un sondage BVA pour Orange et iTELE publié dimanche dernier, le président français a enregistré une nouvelle baisse de sa cote de popularité en février (22 %, -3), ce qui le fait approcher de son niveau le plus bas, 19 % en septembre 2014. Il perd 12 points auprès des sympathisants du Parti socialiste (PS) (69% de bonnes opinions). Les sondés ont estimé à 76 % que la politique menée par le gouvernement n'est pas "juste" et à 86 % qu'elle n'est "pas efficace". Au sein de la gauche, en pleine effervescence, on suggère une primaire en décembre ou janvier prochains pour tenter de ressouder cette entité politique et remettre les choses à leur court normal, ce qui conforterait d'ailleurs le président "normal". Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste a déclaré dimanche, dans une interview au Journal de dimanche (JDD), qu'il ne rejetait pas l'idée d'une primaire à gauche une "manoeuvre", ont estimé des observateurs, pour calmer la fronde interne et "dissuader" des candidatures à gauche d'émerger. Selon des informations, l'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, Cécile Duflot (Europe Ecologie Les Verts) et Jean-Luc Mélenchon font bande à part pour la présidentielle. Pour François Hollande, la priorité reste d'abord sécuritaire et économique, à travers laquelle, s'il parvient à la fin de l'année à des résultats concrets, la présidentielle sera pour lui un challenge à sa portée.