Affirmant que le ministre de l'Enseignement supérieur, «accorde des dérogations d'inscription en grandes Ecoles», ces enseignants dénoncent et demandent «une enquête indépendante, hors secteur». En cette période de rentrée universitaire, nous nous apprêtions à recevoir nos étudiants et à nous engager dans la réussite de notre programme pédagogique, avec cette conviction que connaissent les passionnés de la transmission de la connaissance qui est au coeur de notre métier de pourvoyeurs du savoir. Malheureusement, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a décidé de nous mener une guerre sans merci et de nous dévier de nos nobles missions d'enseignants chercheurs. Guidés par notre devoir de veiller au respect du principe de l'équité et de l'égalité des chances de nos étudiants, garanti par la Constitution, nous avons contesté durant toute l'année universitaire écoulée (2015-2016) la décision de notre ministre d'accorder des dérogations d'accès en classes préparatoires de notre établissement, l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ex-INA) d'El Harrach, et sollicité à trois reprises une inspection de notre ministère de tutelle (en dates du 17/01/2016; 28/01/2016 et 11/02/2016). Comme pour nous narguer, notre école a subi d'autres dérogations, mais cette fois-ci pour l'accès au doctorat sans concours, sur arrêté du ministre, malgré la position du Conseil scientifique de l'établissement (PV de la séance du 05/04/2016), qui a déploré cette procédure et demandé que le concours d'accès soit une règle pour tous. Impuissants face au mutisme de Monsieur le ministre, nous avons transmis à la Présidence de la République un courrier d'alerte concernant ces dérogations, qui sont une atteinte aux droits des étudiants les plus méritants, ainsi que sur d'autres graves dysfonctionnements que subit notre établissement. Coup de théâtre! Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a décidé de nous traduire en conseil de discipline et de nous sanctionner pour avoir saisi la Présidence de la République sur des dysfonctionnements réels, avec dossiers à l'appui. A ce conseil de discipline, s'ajoute toute une batterie de représailles que nous subissons telles que le retrait de nos charges d'enseignement, au détriment des intérêts des étudiants, les insultes d'un représentant du ministre... Nous en avons informé Monsieur le ministre, en sa qualité d'autorité de nomination, à travers plusieurs courriers restés sans réponse. Cette situation est d'une extrême gravité pour la souveraineté de nos institutions. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en accordant des dérogations à des bacheliers sans moyenne informatique, et à des inscriptions en doctorat sans concours, contredit l'article 65 de la Constitution, qui stipule que «l'Etat veille à l'égal accès à l'enseignement et à la formation professionnelle», et ce sont les enseignants qui dénoncent ces pratiques qui subissent des sanctions et des représailles!! Qui aurait cru qu'un ministre pourrait dépasser de telles limites dans ses prérogatives? Comment expliquer à Monsieur le ministre que sanctionner des enseignants qui sollicitent le soutien de la Présidence de la République est un acte qui dépasse tout entendement? Comment un ministre peut-il interférer dans notre relation de scientifiques avec la Présidence de la République? Un ministre est avant tout un homme d'Etat.Ce sont des enseignants chercheurs respectés et considérés, pour leur place sociale, qui construisent la société de la connaissance, de même que ce sont des étudiants encadrés dans les meilleures conditions qui constitueront l'élite de demain. L'ascension sociale par le mérite doit être garantie par l'université algérienne, pour recréer le lien de confiance entre la jeunesse et les institutions. C'est là tout l'objectif de notre démarche, Monsieur le ministre. Pour toutes ces raisons et au nom de la Constitution qui garantit dans son article 25 l'impartialité de l'administration, nous demandons aux autorités compétentes de désigner une commission d'enquête indépendante, hors de notre secteur, sur les dépassements de notre ministre de tutelle et les dysfonctionnements dénoncés. Nul n'a le droit d'ériger une muraille d'acier entre la Présidence de la République et l'élite scientifique algérienne. Collectif d'enseignants chercheurs de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie.