L'Arabie saoudite, premier exportateur de brut dans le monde, et la Russie, principal producteur mondial, n'ont fait, jusqu'ici, aucune concession sur le gel de la production, de sorte que l'offre excédentaire n'a pas cessé de plomber les prix depuis la mi-2014. Confirmé hier par le patron du géant saoudien Aramco, le climat de faiblesse générale du marché pétrolier ne semble pas près d'évoluer, en dépit des signes épisodiques de redressement. La crise sévère que traversent, depuis plus d'une année, les pays exportateurs, corrélée à un gel des investissements dans l'outil de production de pétrole et de gaz, a ralenti l'offre sans parvenir pour autant à éponger les surplus qui vont hypothéquer la vente de l'or noir pour encore dix-huit mois, s'accordent à prédire les spécialistes. Autant dire que l'avenir n'est pas rose et que l'austérité qui s'est abattue sur de nombreux pays producteurs comme l'Algérie, la Russie, le Vénézuela, le Nigeria et même l'Arabie saoudite, un temps expliquée par l'avènement du pétrole de schiste américain, risque de durer autant. «Malgré sa volatilité, le marché s'oriente vers un rééquilibrage et les prix pourraient s'améliorer avec le temps», a néanmoins affirmé le patron d'Aramco. C'est que la réunion informelle des pays membres de l'Opep et non-Opep à Alger, à la faveur du 15 ème Forum international de l'énergie, représente une opportunité, certains diront une chance, pour tenter de résoudre la problématique de la volatilité des prix à travers une solution négociée de la question de la surproduction. L'Arabie saoudite, premier exportateur de brut dans le monde, et la Russie, principal producteur mondial, n'ont fait, jusqu'ici, aucune concession sur le gel de la production, de sorte que l'offre excédentaire n'a pas cessé de plomber les prix depuis la mi-2014, au moment du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'Opep d'ouvrir à fond les robinets pour préserver ses parts de marché. Lors de la dernière réunion de l'Opep, la question du gel de la production avait été débattue mais l'Iran qui effectuait fraîchement son retour sur le marché, au lendemain de la levée des sanctions internationales, avait fait valoir son droit à «récupérer» un niveau de production supérieur, eu égard au différentiel négatif accumulé. Autant dire que cette réunion, diligentée par l'Arabie saoudite, aura été un coup d'épée dans l'eau. Si certains pays ont paré au plus pressé en instaurant des mesures d'austérité graduelles, comme en Algérie, d'autres ont payé le prix fort en termes d'instabilité et de risques d'explosion sociale. Le Venezuela s'est ainsi retrouvé au bord de l'asphyxie économique et la situation politique y empire de jour en jour, avec la menace d'une intervention indirecte des puissances hostiles au régime du président Maduro. Le Nigeria du président Buhari n'est pas mieux loti et, plus grave encore, son gouvernement doit faire face au terrorisme de Boko Haram qui est tout, sauf résiduel. D'autres pays producteurs, et non des moindres, sont confrontés au dilemme de l'emprunt international. C'est le cas du Koweit, du Gabon, de l'Angola mais également de l'Arabie saoudite qui, pour financer ses interventions militaires en Syrie et au Yémen, entre autres, compte céder 5% du capital de la société Aramco pour booster son fonds souverain d'un montant de 2000 milliards de dollars. Et c'est sans compter avec la Libye qui entreprend activement son retour sur le marché, en dépit des rivalités des deux camps qui revendiquent les champs pétroliers, Tripoli et les milices de l'ex-Fadjr Libya, d'un côté, et Tobrouk et l'armée du général Haftar, de l'autre. Autre facteur déterminant des enjeux de l'or noir, le drame des migrants a atteint une dimension inquiétante et affecte la situation d'instabilité de leurs pays d'origine. Bon nombre d'entre eux, en Méditerranée, fuient les exactions des groupes terroristes du Sahel et de Somalie, mais aussi la misère qui grève les aspirations des populations à une vie décente. Ce sont là les paramètres fondamentaux qui entourent la réunion d'Alger au cours de laquelle les pays producteurs de l'Opep et hors-Opep auront une opportunité à saisir, en gardant à l'esprit qu'elle pourrait ne pas se représenter de sitôt. Dans le cas où ils seraient incapables de concilier les positions et de privilégier l'intérêt commun, lourdes seront les conséquences pour bon nombre d'entre eux surtout qu'ils font face, déjà, à une situation de crise durable et peuvent se trouver, du jour au lendemain, confrontés à des explosions sociales dont on connaît le prix.